La Longue Nuit, c’est le titre du récit de témoignage qu’Ernst Israël Bornstein publia en Allemagne en 1967 (Die Lange Nacht). C’est aussi le nom, métaphorique, donné à sa tragique expérience de la déportation depuis sa Pologne natale, entre 19 et 22 ans, dans pas moins de sept camps de concentration nazis; enfin, c’est peut-être aussi plus largement le nom de la Shoah, au cours de laquelle presque toute la famille de Bornstein a trouvé la mort.
Ce livre, très bien accueilli en Allemagne lors de sa parution, traduit pour la première fois en anglais par la propre fille de Bornstein, Noémie Lopian, en 2015 (The Long Night, Toby Press), avant d’être présenté à un public français en 2022 (grâce à la traduction de Colin Reingewirtz pour les éditions Hermann) est au cœur du présent dossier de Raison Publique.
Ayant vocation à s’enrichir au fil des lectures que suscitera cette œuvre encore mal connue en France, ce dossier invite à découvrir une expérience singulière, celle d’une déportation itinérante, dans des lieux qui ne sont pas ceux emblématiques d’Auschwitz, Dachau ou Buchenwald. Portée par une langue qui cherche à rester au plus près ce qui fut, faisant écho, et aussi parfois contre-point, à d’autres récits de témoignage plus étudiés, elle intéressera aussi bien les historiens que les littéraires, et toutes celles et ceux pour qui le passé est autre chose qu’une occasion d’exercer sa compassion ou de cultiver sa capacité d’indignation : un espace vivant d’interlocution.
Sommaire
“La Longue Nuit en héritage”, un entretien de Noémie Lopian avec Sylvie Servoise
“Relire l’un des premiers témoins de la Shoah : Ernst Israël Bornstein”, par Chiara Nannicini Streitberger
“La Longue Nuit d’Ernst Bornstein : les Juifs dans les camps de travail nazis”, Luba Jurgenson