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Rivages/Visages. Paroles d’exilés : du « témoignage » à la « scène  » – Repères pour un théâtre de l’exil et des migrations

Claire Audhuy lors de la représentation

Valérie Deshoulières s’attache à dégager la signification des oeuvres de dramaturges/metteuses en scène dont la « recherche-action » en relation avec la condition exilique prolonge les travaux de recherche conduits sur l’exil et les migrations, en orientant davantage les perspectives vers l’articulation entre intériorité individuelle et détermination collective.

Gramsci le disait fermement dans un texte récemment republié sous ce titre : Pourquoi je hais l’indifférence ? (Perchè odio gli indifferenti). Il plaçait, kantiennement, une doctrine des facultés au fondement de sa théorie politique : nous avons, disait-il en substance, la sensibilité pour percevoir les souffrances, l’intelligence pour les juger et l’imagination à la fois pour nous les représenter (pour nous représenter avec éclat et précision les vies qui sont tout autres que les nôtres – il appelait cela « l’épreuve de la représentation dramatique », qui est la seule façon d’embrasser mentalement la réalité), mais également pour inventer des issues politiques.

Marielle Macé1

Comme le souligne d’entrée de jeu Alexandre Gefen dans l’un de ses derniers essais, Réparer le monde – La littérature française face au XXIe siècle (Corti, 2021)2, la littérature a joué comme un « travail de réparation », d’abord en tant que pointe de l’écriture, elle-même pensée comme forme de suppléance de la chose par le signifiant, et donc comme tombeau – « le père des signes » selon le philosophe Alain3. Faute d’être neuve, l’idée demeure féconde à l’heure des catastrophes qui ébranlent le monde aujourd’hui : le parcours qu’il nous propose de la fiction contemporaine française pose ainsi la question de la transformation de la parole que nous qualifions de littéraire autour d’un paradigme qu’il décrit comme clinique, c’est-à-dire une manière de demander à l’écriture de « combler les failles des communautés contemporaines, de retisser l’histoire collective et personnelle4 », en rompant aussi bien avec la tradition patrimoniale qu’avec le formalisme, pour devenir une expérience partageable.

Ces textes de la « remédiation », pour reprendre l’un de ses termes, ont pour sujet commun les moi blessés ou déclassés, voire désinscrits et en appellent tous, par conséquent, à l’empathie, autrement dit à notre capacité de nous mettre à la place d’autrui pour comprendre la douleur de sa situation, ainsi que le prescrit une version française de ce qu’on appelle désormais outre-Atlantique l’éthique du care5. Ce rôle dévolu à l’empathie participe, rappelons-le, d’un tournant esthético-poétique qui place le récit au cœur de la production de l’identité personnelle et que Paul Ricoeur appelle dans Temps et récit (Seuil, 1983-1985) l’ « identité narrative », à savoir une structure dynamique susceptible de réconcilier ce qui change et ce qui ne change pas, le « mouvant » (ipséité) et l’« immutable » (identité6 ). De même qu’un récit rassemble des événements perceptibles comme discontinus, l’identité narrative use de la « mise en intrigue » pour « intégrer à la permanence dans le temps ce qui paraît en être le contraire, à savoir la diversité, la variabilité, la discontinuité, l’instabilité7 ». La condition exilique appelle d’évidence ce type de remédiation.

Je ne m’intéresserai pas ici aux romanciers qui « parlent » des migrants et « portent la responsabilité de leur imaginaire », pour reprendre le titre du bel article, inspiré de Roland Barthes, que Marielle Macé a voué dans la revue Critique8 à l’une des premières œuvres littéraires consacrées en France au naufrage de Lampedusa du 3 octobre 2013 : À ce stade de la nuit publié par Maylis de Kerangal en 20159. Elle honore ces pages, à la fois douces et poignantes, en examinant leur capacité à « élargir notre demeure mentale, réalisant ainsi une hospitalité certes toute psychique (…), mais qui est déjà beaucoup car une force imaginante est ce dont nous avons aujourd’hui collectivement besoin pour réagir et soulever en nous la ferme décision de l’accueil10 ». Elle signale par ailleurs en note infrapaginale qu’une dramaturge sicilienne, Lina Prosa, a précédé Maylis de Kerangal sur cette voie de la scénarisation de la catastrophe en présentant un « triptyque du naufrage » : Trilogia del naufragio (2003-2013)11: Lampedusa Beach, Lampedusa Snow et Lampedusa Way12.

Mon attention se portera de même sur trois dramaturges, trois femmes, dont la recherche artistique a consisté à collecter des témoignages d’exilés, puis à les mettre en scène, après les avoir parfois « retravaillés », non seulement pour sensibiliser un large public à la précarité du vécu exilique, mais d’abord pour tenter de redonner aux hommes et aux femmes auxquels elles ont prêté l’oreille, une voix, un visage et un nom. Une identité, au-delà des statistiques, une dignité, au-delà des pertes. Claire Audhuy, fondatrice en 2004, à Strasbourg, de la Compagnie Rodéo d’âme avec Baptiste Cogitore et metteuse en scène, en 2016, d’une pièce-documentaire Les Migrantes, à partir de témoignages de nouvelles arrivantes en provenance de pays d’Afrique et d’Europe de l’est, Leyla-Claire Rabih, directrice de la Compagnie Grenier Neuf à Dijon depuis 2008, et qui développe depuis 2015 un projet intitulé Traverses autour des traces indélébiles que laisse l’exil sur les réfugiés issus notamment de Syrie, et Amandine Truffy, co-directrice depuis 2005 avec Bertrand Sinapi de la Compagnie Pardès Rimonim, et désireuse, après sa rencontre en 2016 avec une ancienne institutrice de Damas, Wejdan Wassif, de lui (re)donner une voix en 2020 dans son spectacle À vau-l’eau.

Trois œuvres qu’on ne saurait présenter à proprement parler comme des fictions, même si, parfois, comme le souligne Amandine Truffy, la véracité des témoignages recueillis peut être remise en question par le soulignement des influences auxquelles ils sont soumis, de l’inconscient du témoin aux conditionnements idéologiques, voire aux objectifs de persuasion excédant la simple attestation des événements, et que la mise en scène, aussi sobre soit-elle, suffit à transformer en objets esthétiques. Trois œuvres visant à rappeler que le migrant, cette figure propre à alimenter les chiffres dans l’oubli de son parcours personnel, est d’abord un exilé, possédant une identité plurielle et une expérience de multi-appartenance propres à enrichir le « vivre-ensemble ». Trois œuvres esquissant, au-delà de la dimension cathartique du « récit de vie », les fondements d’un droit d’asile permettant à l’exilé d’intégrer une communauté et de se constituer comme sujet politique, ayant « le droit d’avoir des droits » pour reprendre la formule d’Hannah Arendt.

La condition exilique. Sidérer/Considérer

« Penser les migrations contemporaines » : tel est le sous-titre de l’essai fondamental publié par Alexis Nouss – Nuselovici de son nom patronymique – en 2015 : La condition de l’exilé13. Un livre surtout écrit, tient à préciser l’auteur, « pour les exilés qui n’arrivent pas à leur destination, spécifiquement en Europe, soit qu’elle leur soit refusée par les autorités d’accueil, soit que la mort s’en charge14 ». Titulaire de la chaire « Exil et migrations » au Collège d’études mondiales, à Paris (Fondation Maison des Sciences de l’Homme), Alexis Nouss est aussi professeur de littérature générale et comparée à l’université d’Aix-Marseille. « Ceci explique cela » : ses analyses mêlent en effet des éléments d’enquête renvoyant à l’actualité et à l’histoire et des références littéraires et artistiques, parce que justement, estime-t-il, « la condition exilique relève de ces expériences humaines à la compréhension desquelles la figuration artistique est indispensable par la souplesse et la distance qu’elle introduit face à ce qu’elle représente15 »

L’art, en d’autres termes, contribuerait à envisager la migration sous le signe de l’exil, à « faire vivre », par conséquent, les migrants. Ou, si l’on préfère, nous inviterait à considérer autrement, au-delà de la sidération, les déplacements migratoires en opérant une distinction entre l’exilé et le migrant. Prolongeant et affinant les approches sociologiques d’Emile Durkheim et de Georg Simmel, Alexis Nouss revient sur la différence de nature entre la migration comme « phénomène social » pensée par le premier et la migration comme « expérience humaine » observée par le second. Tandis que Durkheim considère le migrant relativement à sa fonction au sein des structures sociales et de la sphère économique, Simmel concentre son attention sur son intériorisation de l’ensemble des ambivalences psychologiques provoquées par son déplacement16.

Si Claire Audhuy, Leyla-Claire Rabih et Amandine Truffy, comme l’attestent les titres de leurs spectacles tout comme les textes pédagogiques qui les accompagnent17, ne distinguent pas systématiquement les termes « migrant » et « exilé », leur démarche commune fait cependant écho, me semble-t-il, à cette distinction. Leur désir de « rendre justice » aux destins personnels qui leur ont été relatés suppose en effet une direction d’analyse comparable. Elles pourraient faire leurs, par conséquent, ces paroles d’Alexis Nouss : « Le migrant migre d’un territoire à un autre en fonction d’une identité spatialisée selon une ontologie cartographique. L’exilé passe d’un ciel à l’autre, d’une langue à l’autre, et retient la mémoire des uns et des autres en les faisant dialoguer. Il ne traverse pas les frontières18 » ; dans les termes de Georg Simmel, il est « l’être-frontière qui n’a pas de frontière19 ». Nouss propose de nommer exiliance ce noyau existentiel commun à tous les sujets en migration, à la fois condition et conscience20, et montre, dans le sillage de Paul Ricoeur, que « le récit de vie », la narration du parcours exilique en l’occurrence, est pour l’exilé une nécessité pour « ancrer sa subjectivité », dans la mesure où son itinéraire l’empêche de s’identifier à la fois aux repères culturels de son pays d’origine comme à ceux de son pays d’accueil21.

Sortir de la sidération face au sort des migrants, tel est également l’objectif de Marielle Macé. Son essai : Sidérer, considérer. Migrants en France, 2016, publié en 2017 aux éditions Verdier22, se présente comme une méditation philosophique, politique et poétique sur le télescopage, au cœur de Paris, de lieux divergents : les quais de la gare d’Austerlitz où s’est établi, quelques mois durant, un camp de migrants et de réfugiés, qui fut détruit en septembre 2015, mais où les tentes se reconstituaient toujours, en contrebas du camp, la Cité de la mode et du design et face au camp, le siège de Natixis, la banque de financement et de gestion de services de la Banque Populaire. Pour décrire ces voisinages en effet sidérants, l’essayiste comprend rapidement la nécessité d’inventer une autre langue. Une langue où la répétition et l’image, le rythme, vont jouer un rôle majeur. Une autre langue pour décrire « la condition de l’exilé » autrement. Une langue sensible. Quand Alexis Nouss s’applique à promouvoir une critique hospitalière, c’est-à-dire accueillant, avec la même générosité, données scientifiques et citations littéraires, Marielle Macé éprouve le besoin d’infléchir son style. Un « devenir-poème » de l’essai qui ne nuit en rien à sa valeur informative, mais la rend palpable au contraire. Comestible et partageable : « Et c’est bien dans tous ces sillages donc, dans une traîne absolument contradictoire, qui ne peut pas être rapportée à un seul et majestueux bateau mais à tout ce qui se mêle et se heurte et se dispute dans notre forme de vie (…), c’est dans tous ces sillages que s’est écrite l’histoire du quai de la gare, sidérante (…), que tout cela se déroule au bord d’un fleuve, formant ici comme une butée, dans le repli d’une boucle assombrie et ralentie de l’espace urbain23 ».

Ce chemin différent – ou « réciproque » comme dirait Hannah Arendt – que Marielle Macé aspire à prendre pour « tenter de parler des vies qui aussi se tiennent, tentent de se tenir ou ont à se tenir en plein campement », ce désir de « déclore ce que la sidération enclôt », de passer, en d’autres termes, de la « sidération » à la « considération » va consister, d’une part, à « aller y voir » et, d’autre part, à « tenir compte des vivants, de leurs vies effectives » pour décrire leurs jours avec le maximum de « prévenance », d’« égards » et d’« estime ». La considération, dès lors, peut bien être définie comme « une perception qui est aussi un soin », comme « un regard qui est aussi un égard », comme « une vertu de poète24 ». Écrire autrement que l’on pourrait accueillir autrement, c’est d’abord « considérer autrement ces vies, pleurables dans l’exacte mesure où elles sont avant tout considérées comme vécues25 ». L’empathie cependant, met en garde Marielle Macé pour (ne pas) conclure son essai, ne doit en aucun cas virer à l’irénisme. Il convient de raison garder. Lucidité. Et d’être conscient, par conséquent, de « la louche collusion entre ces enjeux et le fait même de l’art aujourd’hui ».

Traductions théâtrales. Représenter/Cartographier

Là-bas/Ici. Avant/Maintenant. Cette oscillation entre deux pôles est au cœur de l’expérience exilique comme l’ont bien compris nos trois dramaturges : les voix qu’elles nous donnent à entendre montrent en effet que les sujets exilés pendulent, le plus souvent, entre une « passivité désorientée » face au nouveau paysage identitaire et culturel qui s’impose à eux et une « activité débordante », s’appliquant à réactualiser leur connaissance de l’ancien paysage pour ne pas se perdre dans le nouveau – ou pour s’en protéger. C’est la force créatrice de cette préposition entre que je voudrais examiner maintenant en me référant à des projets artistiques qui revendiquent simultanément leur valeur documentaire. Entre deux pays, deux cultures et deux langues, entre témoignage et poème, théâtre et enquête, art et politique, Claire Audhuy, Leyla-Claire Rabih et Amandine Truffy ouvrent une troisième voie que j’appellerai avec Alexis Nouss anthroposcénique, lequel nous rappelle opportunément que c’est à un exilé que Shakespeare fait dire dans Comme il vous plaira (Acte II, scène 7) que le monde entier n’est qu’un théâtre où chacun joue son rôle.

Avant de pouvoir devenir féconde, la dualité qui habite l’exilé est déchirante. Son pays d’origine le hante et le met en demeure, la plupart du temps, de mener une double vie avec tout ce que cette idée comporte de dissimulation et de honte. En 2009, Taïeb Ferradji rapporte dans son livre Ces exils que je soigne26 qu’il observe chez les patients qu’il reçoit en consultation psychiatrique à Bobigny que les blessures liées à la migration sont d’autant plus douloureuses qu’elles sont tues au nom de la « réussite migratoire » attendue par « la famille restée au pays ». Depuis 2015, la narration de son parcours est devenue plus que jamais indispensable à l’exilé pour retrouver une identité. Comprenons ici avec Emmanuel Levinas : un visage. La migration massive et les tragédies qui lui sont liées ont fabriqué en effet une triste équivalence entre « carte d’identité » et « carte géographique ». S’il ne peut raconter son itinéraire qui vaut pour identité, l’exilé le traduit aussitôt en symptômes qui ont conduit Fétih Benslama, en 2009 également, à proposer d’ouvrir une « clinique de l’exil », afin de soulager les souffrances psychiques d’individus migrants comme de leurs descendants27. Dans cette optique, le « récit de vie » peut être lu comme « le troisième lieu », entre le pays d’origine perdu et le pays d’accueil déconcertant, susceptible d’offrir à l’exilé « un abri contre l’errance et l’oubli ».

Tel est précisément le projet des Migrantes de Claire Audhuy28, un spectacle-documentaire conçu à partir de récits d’exilées dont de larges extraits furent lus le 28 avril 2016 au Conseil de l’Europe devant six-cents lycéens, à l’occasion de la Journée de Rassemblement du Mois de l’Autre. Si l’ensemble des projets menés par la compagnie Rodéo d’âme qu’elle dirige avec Baptiste Cogitore sont axés, depuis sa fondation, sur le documentaire via des recherches sur le terrain, la consultation d’archives, la réalisation d’entretiens et de reportages, cette orientation s’est intensifiée à partir de 2015 avec l’arrivée en Europe de millions de migrants.

Invitée par le Théâtre de Carouge, à Genève, à écrire une pièce de théâtre documentaire sur un groupe de femmes en provenance d’Irak, de Somalie, d’Afghanistan et d’Erythrée… – autant d’images terribles défilant devant nos yeux -, Claire Audhuy a pendant plusieurs semaines côtoyé ces épouses, ces mères, ces filles, ces sœurs au « Centre pour femmes migrantes » de Camarada, dont l’équipe d’accueil, entièrement féminine, tente de protéger ces rescapées du monde des hommes. Ensemble, en cuisinant, elles réapprennent à vivre et la dramaturge a cuisiné avec elles, puis, lentement, recueilli leurs récits en essayant, assure-t-elle, d’être le plus fidèle possible à leurs histoires, entendant bien qu’il y avait, dans ces récits, leurs voix, singulières. Ainsi que « cet amour que chacune porte aux siens. Où même les absents trouvent leur place ». Pour être restée fidèle aux témoignages de ces femmes, Claire Audhuy leur a toutefois prêté sa plume et il est possible que cela aussi s’entende.

Sous la langue de Khadidja, qui raconte au téléphone à son père resté « là-bas », en Guinée, comment elle progresse en français, comment elle a changé de chambre, comment elle a découvert une autre jeune fille de Guinée, ici, à l’autre bout du monde, comment elle prend chaque jour le tram de la ville… s’élève, de strophe en strophe, une sorte de chant : le chant du dixième anniversaire de son départ. « Elle lui dit qu’elle ne décrocherait pas à la saison prochaine… Qu’il ne devait pas appeler… Qu’il devrait garder le troupeau en bas, près du village (…). Elle avait acheté un billet d’avion, le premier depuis ces vingt fois, en dix ans29 ». Sous la langue de Ghole, arrivée d’Irak en France le 28 juillet 2004 et que son mari ne rejoindra que le 18 juillet 2007, s’amorce la même métamorphose : elle recouvre peu à peu, lors d’un dialogue avec la dramaturge, la mémoire de ces 1085 jours où elle est restée seule avec ses enfants sans parler un mot de français : « Ghole est seule. Elle se serre dans l’obscurité de la caravane. Ses deux enfants collés à elle. Elle entend à peine les respirations de l’autre famille, tapie dans le noir. Plus aucun bruit, pas de lumière. La caravane a démarré et s’enfonce dans la nuit, vers l’Europe30 ». Si le centre Camarada de Genève a aidé Khadidja, Ghole et les autres à retrouver une patrie hors sol : la paix d’un vivre-ensemble transitoire, Claire leur aura permis, en sollicitant leurs récits et en les accompagnant, de « réancrer » leur subjectivité.

L’adaptation scénique de ces textes fera mieux encore : elle va leur redonner un visage. Ces bribes de vie d’Afghanistan, d’Irak, de Bosnie, d’Erythrée sont en effet illustrées en direct par l’artiste Nicolas Levebvre à partir de techniques inventives (aquarelle, collage, tampons, javel, encre…). Tandis que Claire Audhuy lit les récits, tantôt drôles, tantôt bouleversants, des « migrantes », accompagnée par les musiciens et chanteurs Alexandrine Guédron et Lamine Gueye, le public voit apparaître leurs traits sur un écran, tracés par le dessinateur au fil de l’eau et des mots. Une performance théâtrale, plastique et poétique, adossée à des histoires vraies31.

Le projet Traverses de Leyla-Claire Rabih32 combine avec la même puissance le « documentaire » et l’« intime » autour des migrations syriennes et de la diaspora. Il est né en effet du séisme enregistré par la Syrie en 2011, puis d’un séjour au Liban, c’est-à-dire au plus près de la Syrie, en septembre 2015, alors que les Syriens accostent par milliers la Grèce et l’Italie et marchent, par milliers aussi, vers l’Allemagne en traversant la Serbie, la Hongrie et l’Autriche. En novembre 2015, Leyla-Claire Rabih est à Francfort. Elle témoigne :

L’immense gare centrale est pleine de réfugiés, familles, petits groupes de jeunes hommes, qui jusque tard dans la nuit traversent le hall, se regroupent, cherchent leur chemin. Les femmes syriennes serrent leurs enfants dans leur bras, les grandes tentes de la Croix rouge sont présentes à l’intérieur même de la gare et proposent un accueil éphémère, une boisson chaude, un soutien médical. Partout en Allemagne, chaque citoyen est confronté à cette arrivée.

En juin 2016, elle prend le bus avec Catherine Boskowitz, depuis Dijon vers la Grèce. Elles traversent l’Europe « comme on traverse l’Histoire, via les noms que l’on connaît des livres de classe, lieux de batailles, de sièges et de frontières mouvantes » : Milan, Trieste, Zagreb, Sarajevo, Pristina, Skopje, Thessalonique enfin. Elles vont à la rencontre des réfugiés, mais aussi des Grecs qui aident les réfugiés : « Nous rencontrons beaucoup de tristesse et beaucoup de misère, mais aussi une réelle solidarité humaine : ils sont si nombreux ceux qui, individuellement ne supportent plus l’indifférence et font le voyage pour venir aider (((Projet Traverses, https://www.grenierneuf.org/traverses/))) ». À partir de 2017, Leyla-Claire Rabih retraversera ces contrées avec son équipe pour proposer, à chaque fois en accord avec les institutions locales, des ateliers de pratiques théâtrales auprès de demandeurs d’asile, de réfugiés, et réalisera des interviews qui permettront de construire un corpus de témoignages, de parcours, de narrations, de documents sonores et visuels.

Lors de ces rencontres, seules les mains des réfugiés ont été filmées, rendant à la fois plus intimes et universels les témoignages collectés. « Entre théâtre, performance, et projections, précise la dramaturge, l’équipe raconte autant qu’elle se raconte, dans un dispositif en archipel qui se décline en fonction des lieux ». Le spectacle a trouvé peu à peu sa forme dans le tissage de l’ensemble des données collectées (enregistrements de récits de vie, photographies, vidéos), des discours objectifs sur les réfugiés, de données historiques et des biographies des membres de l’équipe. Au plateau, trois acteurs/performeurs : Elie Youssef, Philippe Journo et Leyla-Claire Rabih elle-même, tous trois issus de migrations choisies et forcées, au gré des tribulations de l’Histoire, porteurs d’identités hybrides et fortement métissées33.

Dans le premier témoignage – celui d’un Syrien exilé en Grèce – qui compose la pièce, une fois de plus très fragmentaire, les trois acteurs expriment clairement la distance dont parlait la dramaturge quelques années auparavant. Traduits en direct par Elie Youssef, les propos pleins de douleur et d’amertume d’un homme face au désengagement occidental suscitent chez Leyla un malaise qu’elle exprime aussitôt tout en revenant sur une partie du processus d’écriture de la pièce. Ainsi entouré d’une réflexion sur ce qui l’a précédé et sur ce qui l’a suivi, le témoignage documente autant les conséquences de l’exil sur celui qui l’a vécu en pleine guerre civile que les questions éthiques et esthétiques que pose son partage au théâtre. Lorsqu’elle avoue se sentir ramenée par son témoin à sa condition d’Européenne et a donc l’impression qu’il la rend indirectement coupable du comportement de cette partie du monde face à la tragédie syrienne, c’est d’une manière plus large le geste documentaire au théâtre qu’elle questionne.

Les mains sont à Leyla-Claire Rabih, qui tisse les récits des exilés de Syrie, ce que les pieds sont à Amandine Truffy, qui cartographie au sol leurs déplacements à l’aide d’un pinceau trempé dans des pots de peinture fraîche de diverses couleurs et en foulant comme du raisin nouveau la coulée rouge, probable signal d’un itinéraire douloureux : vol, torture, naufrage34. Au commencement du spectacle-documentaire À vau-l’eau créé par la compagnie Pardès Rimonim en 2021 sont les Lettres de Syrie publiées aux éditions Buchet-Chastel en 2014 par Wejdan Nassif, sous le pseudonyme de Joumana Maarouf, et qui témoignent du quotidien d’un pays en guerre et des répercussions de ce conflit sur l’état d’esprit de sa population. Aujourd’hui, Wejdan et sa famille sont réfugiées en France, à Metz. C’est là, à la radio « Passages Syrie » qu’Amandine Truffy, dramaturge et comédienne diplômée du Conservatoire National Supérieur de Paris, et Bertrand Sinapi, auteur et metteur en scène formé à la Sorbonne Nouvelle, la rencontrent et décident avec le compositeur Lionel Marchetti de se mettre au service de son écriture et de sa voix. Soulignons que la ville de Metz, très engagée pour la Syrie, fut signataire le 28 juin 2013 d’une charte avec le Comité Civil d’Alep35. C’est donc sur cette toile interculturelle et hospitalière commandée par une volonté politique locale qu’Amandine Truffy s’applique à cartographier l’exil.

La dramaturgie d’À vau-l’eau36 n’est pas sans rappeler la « cartographie radicale » de Philippe Rekacewicz dit « Reka », diplômé de géographie à la Sorbonne en 1988, collaborateur permanent du mensuel Le Monde diplomatique jusqu’en 2014 et collaborant depuis 2006 à divers projets artistiques à travers l’Europe pour montrer la relation étroite entre cartographie, art, science et politique. En 2018, il entreprend de « cartographier les migrations » en dessinant à la craie, sur la base des données les plus rigoureuses, en couleurs pastel et avec des inscriptions manuscrites, des cartes relatives aux mouvements migratoires dans le monde dont l’apparence presque enfantine révèle impitoyablement ce que l’auteur nomme une guerre entre « riches » et « envahisseurs ».

Ce beau travail de plateau, où les frontières des atlas sont aussi fluides que les fleuves et les habitats montés comme des maquettes, entre également en résonnance avec un court métrage réalisé en 2022 par Douwe Dijkstra Buurman Abdi (Mon voisin Abdi37 ), dans lequel Abdi, d’origine somalienne, raconte sa vie, marquée par la guerre et la criminalité, avec l’aide de Douwe, son voisin réalisateur. En jouant des potentialités ludiques d’un studio de tournage, tous deux tentent de recomposer, entre le rire et les larmes, un passé douloureux, tout en s’interrogeant sur le processus de création. Refusant de se présenter comme une victime, Abdi se fait raser en direct pour dévoiler la cicatrice qui lui barre le crâne, souvenir tenace d’un jet de pierre à Mogadiscio, et rejoue, sous les yeux de ses amis médusés, son attaque au couteau d’une caissière de supermarché. Réinséré après une incarcération de plusieurs années, Abdi conçoit et réalise aujourd’hui des étagères murales dont la légèreté n’a d’égale que la résistance. Un autoportrait artisanal en somme.

Un militantisme joyeux et créatif dans lequel se reconnaîtrait sans doute la Compagnie Pardès Rimonim dont l’équipe a fondé, il y a trois ans, un espace de mixité sociale par le théâtre : l’atelier EL WARSHA, où se mêlent, le plus naturellement du monde, les réfugiés nouvellement arrivés et les habitants de la ville et permet d’opérer un rapprochement entre le monde associatif et le monde culturel38.

Il était une fois trois dramaturges/metteuses en scène dont deux vivent dans une région transfrontalière : le Grand Est, entre la France, l’Allemagne et le Luxembourg – et la troisième entre trois cultures et trois pays : la France, l’Allemagne et la Syrie, qui désiraient, par le théâtre, démocratiser l’accès à la connaissance et repenser le « vivre ensemble » en Europe selon un paradigme que je qualifierai d’écologique. Pour les connaître assez bien toutes trois, je dirai que leur « recherche-action » en relation avec la condition exilique vise essentiellement à prolonger les travaux de recherche conduits sur l’exil et les migrations, en orientant davantage les perspectives vers l’articulation entre intériorité individuelle et détermination collective et, pour ce faire, à rapprocher les sphères scientifique, artistique, économique et politique.

Elle n’est pas sans rappeler l’exploration conjointe du sociologue Bruno Latour et de Frédérique Aït-Touati, elle-même metteure en scène et chercheuse (CNRS/Sciences Po Paris), jalonnée d’oeuvres situées au carrefour de la recherche scientifique et de la création théâtrale. Les uns comme les autres s’attachent à suivre une pensée en train de s’élaborer, faisant du plateau un lieu de modélisation et d’expérimentation sur la perception. Dans l’un de ses derniers ouvrages Mémo pour l’émergence d’une nouvelle classe écologique, écrit en collaboration avec Nikolaj Scholz, Bruno Latour formulait le vœu que les « humanités » s’emparent des grandes questions sociétales pour les donner à méditer au plus grand nombre. Que la culture et l’art, en d’autres termes, servent les sciences, afin, écrit-il en substance, que les citoyens les reçoivent en partage. C’est d’ailleurs à un poète, Saint-John Perse, qu’Alexis Nouss emprunte les mots qui achèvent son essai : « “J’habiterai mon nom” fut ta réponse aux questionnaires du port » (Exil, VI).

Par le théâtre, Claire Audhuy, Leyla-Claire Rabih et Amandine Truffy seront mêmement parvenues à redonner aux exilés qu’elles ont écoutés une chance d’habiter leurs noms, donnant ainsi raison à Heinz Wismann. Dans Penser entre les langues (Albin Michel, 2010), le philologue estime en effet que la réconciliation de l’Europe avec son peuple, son demos et, plus largement, la démocratisation de l’accès à la connaissance, passe d’abord et avant tout par le théâtre39. Le théâtre de l’exil et des migrations qu’elles pratiquent et défendent consacrerait ainsi, entre la langue natale du réfugié et la langue du pays d’accueil dont il est censé faire l’apprentissage, l’émergence d’une « troisième langue » : celle du témoignage revisité par la création. Quant aux microclimats qu’elles ont su inventer dans leurs ateliers, nous les comparerons à ce puits qui sauva la vie d’Agar et de son fils Ismaël, voués à l’exil. Il symbolise, comme le suggèrent Fabienne Brugère et Guillaume Le Blanc en conclusion de leur formidable enquête La fin de l’hospitalité. Lampedusa, Lesbos, Calais… jusqu’où irons-nous ?, « l’abri de tous les demandeurs de refuge aujourd’hui, un dispositif précaire, mais un lieu d’accueil40 ».

 

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NOTES

  1. Marielle Macé, « Porter la responsabilité de son imaginaire », Critique n°828, mai 2016, p.394-395.[]
  2. Ce titre fait écho au très beau roman publié par Maylis de Kerangal aux éditions Verticales en 2014 et adapté au cinéma par Katell Quillévéré en 2016.[]
  3. Alexandre Gefen, Réparer le monde – La littérature française face au XXIe siècle, Paris, Corti, 2021, p.111.[]
  4. Ibidem, p.11.[]
  5. Si le care semble « une idée neuve en Europe », la philosophie du care a déjà une histoire riche dans le monde anglo-saxon, notamment aux États-Unis. Voir à ce sujet en particulier l’ouvrage de Fabienne Brugère, L’éthique du « care » (2010, « Que sais-je », n° 3903) et l’article d’Agata Zielinski « L’éthique du care – Une nouvelle façon de prendre soin », dans Études, 2010/12, tome 413, p.631-641.[]
  6. Voir l’article très complet de Jean-Marc Tétaz « L’identité narrative comme théorie de la subjectivité pratique. Un essai de reconstruction de la conception de Paul Ricoeur », dans Études théologiques et religieuses, 2014/4, tome 89, p.463-494.[]
  7. Tel était aussi l’objectif de Pierre Rosanvallon, Professeur au Collège de France, et de Pauline Peretz, Maître de conférences à l’Université de Nantes, lorsqu’ils initièrent le projet « Raconter sa vie » et fondèrent aux éditions du Seuil la collection éponyme.[]
  8. 2016/5, n° 828.[]
  9. Ce récit fut d’abord publié aux éditions Guérin à tirage réduit en 2014, puis par les éditions Verticales, Paris, Gallimard, 2015.[]
  10. Marielle Macé, art. cit., p.388.[]
  11. Florence Editoria & Spettacolo, coll. « Percosi », 2013.[]
  12. Tous trois traduits en français par Jean-Paul Mangananaro, Les Solitaires intempestifs, « Collection bleue », 2012-2014.[]
  13. Cet essai a été publié aux éditions de la Maison des Sciences de l’Homme. Alexis Nouss est notamment l’auteur de Paul Celan. Les lieux d’un déplacement (2010) et de Plaidoyer pour un monde métis (2005). Il est également signataire avec d’autres intellectuels du « Manifeste pour une Europe migrante et solidaire », publié dans le journal Libération le 13 novembre 2018.[]
  14. Ibid., p.15.[]
  15. Ibid, p.35.[]
  16. Ibid, p.10.[]
  17. Qu’elles soient toutes trois remerciées pour avoir mis à ma disposition une documentation importante dans l’optique de cet article. Leurs textes sont également disponibles sur les sites de leurs compagnies respectives.[]
  18. Alexis Nouss, op.cit, p.11.[]
  19. Georg Simmel, « Pont et porte », in La Tragédie de la culture et autres essais, Paris, Rivages, 1988, p.168.[]
  20. Comme le rappelle Alexis Nouss, le suffixe – ance s’inspire de la pensée d’Emmanuel Levinas qui notait en 1990 dans Autrement qu’être ou Au-delà de l’essence : « On n’a pas osé écrire essance comme l’exigerait l’histoire de la langue où le suffixe ance, provenant de antia ou de entia, a donné naissance à des noms abstraits d’action ». Si Levinas suggère sans toutefois l’adopter cette orthographe, Jacques Derrida opte comme on sait pour cette terminaison, afin de penser de manière dynamique la différance, précisément grâce à cette oscillation entre l’« actif » et le « passif ».[]
  21. Alexis Nouss, op.cit, p.36.[]
  22. Nous l’avions invitée à cette occasion le 2 mai 2017 à dialoguer avec Maylis de Kerangal à l’Institut français-Villa Europa de Saarbrücken : « Les naufrages de Lampedusa : le Fait et la Fiction ».[]
  23. Marielle Macé, Sidérer, considérer. Migrants en France, Lagrasse, Verdier, p.5.[]
  24. Ibidem, p.9.[]
  25. Ibid, p.20.[]
  26. Ivry-sur-Seine, Editions de l’Atelier. Voir Alexis Nouss, p.32-33.[]
  27. Il formule cette proposition dans un texte intitulé : « Exil et transmission, ou mémoire en devenir », Le français aujourd’hui, n°166.[]
  28. Claire Audhuy est docteure en Arts du Spectacle de l’Université de Strasbourg et ses recherches portent sur le « théâtre en situation extrême », (le théâtre des Poilus, le théâtre concentrationnaire, le théâtre dans les ghettos…). Elle a exhumé à ce jour une trentaine de pièces inédites, écrites clandestinement en camps de concentration (Bergen-Belsen, Auschwitz, Buchenwald, Ravensbrück, Theresienstadt), et retrouvé de nombreux témoins à travers le monde qui ont un lien avec ce type de création artistique. Elle a publié plusieurs ouvrages sur « les théâtres de l’extrême », – titre du « carnet de voyage », rédigé pendant sa thèse – aux éditions de sa propre compagnie Rodéo d’âme, mais aussi l’œuvre inédite, datée de 1943, du jeune poète et dramaturge Hanus Hachenburg sous le titre On a besoin d’un fantôme.[]
  29. Claire Audhuy, Les Migrantes, Strasbourg, Rodéo d’âme, p.34.[]
  30. Ibidem, p.65.[]
  31. Nous avons invité ce spectacle le 15 juin 2016 à l’Institut français-Villa Europa de Saarbrücken (Allemagne).[]
  32. D’origine franco-syrienne, Leyla-Claire Rabih est metteure en scène et traductrice. Après des études littéraires, elle a été formée à la mise en scène par Manfred Karge au Conservatoire Supérieur Ernst-Busch de Berlin. Elle a été l’assistante de Thomas Ostermeier, Manfred Karge et Robert Cantarella. Pendant dix ans, elle a concentré l’essentiel de ses activités en Allemagne, puis a créé en 2008 la compagnie Grenier/Neuf installée à Dijon, où elle se concentre sur l’écriture dramatique contemporaine (Michel Vinaver, Virginie Thirion, Louis Calaferte, Momme Stockmann). Elle travaille néanmoins régulièrement outre-Rhin (Saarbrücken, Kontanz, Berlin etc.). Depuis 2011, en tandem avec le traducteur Frank Weigand, Leyla-Claire Rabih est directrice de publication de la collection SCÈNE, Neue französische Theaterstücke, qui propose chaque année, depuis 1999, cinq pièces d’auteurs contemporains de langue française traduites en allemand. Elle est membre de la commission d’attribution de l’aide à la création du CNT/Artcena de 2012 à 2018. Lauréate d’une bourse de l’Institut Français dans le cadre du programme « sur Mesure », elle a effectué un séjour au Liban en 2018 (voir blog). Elle est intervenue à plusieurs reprises dans le cadre des séminaires d’enseignement et de recherche que nous avons proposés à l’Université de la Sarre entre 2008 et 2022.[]
  33. Fiche technique du spectacle : Conception et mise en scène : Leyla-Claire Rabih. Travail scénographique et vidéo : Jean-Christophe Lanquetin. Assistante à la mise en scène et à la dramaturgie : Morgane Paoli. Ateliers, Recherches, Écriture : Philippe Journo, Leyla-Claire Rabih, Elie Youssef. Création lumière et régie générale : Thomas Coux. Création sonore : Anouschka Trocker. Avec : Philippe Journo, Leyla-Claire Rabih, Elie Youssef.[]
  34. Nous désirions inviter ce spectacle à la Villa Europa en 2021-2022, mais notre projet est demeuré sans suite.[]
  35. L’objectif de cette Charte est d’attester de la volonté commune de resserrer des liens entre la Ville d’Alep et la Ville de Metz. Elle n’est pas limitée dans le temps. Elle inclut l’ensemble des citoyens et des structures présents dans une ville et pose la première pierre d’une amitié durable entre ces deux communes. Une commission spéciale a même été créée, composée du Comité d’Aide Humanitaire au Peuple syrien et d’élus membres du Conseil Municipal de la Ville de Metz. Cette commission organise les relations institutionnelles et facilite les échanges entre la Ville de Metz et la Ville d’Alep et tous ses engagements peuvent se retrouver sur le site du COMSYR (Comité d’aide humanitaire au peuple syrien).[]
  36. Fiche technique du spectacle : écriture : Wejdan Nassif, traduite par Nathalie Bontemps, mise en scène : Bertrand Sinapi, dramaturgie : Amandine Truffy & Emmanuel Breton, jeu : Amandine Truffy. Avec les voix de Ablema, Anwar, Elisabeth, Irfan, Jamal Rafiq, Shahid, Wacila, Wejdan et les enfants de l’école des 4 bornes de Metz.[]
  37. Ce court métrage était au programme du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand 2023 dans la section LABO. Production : Valk Producties (Pays-Bas).[]
  38. Un rapprochement déjà perceptible dans le projet formulé par la compagnie d’organiser en Europe des résidences « nomades » et dont Amandine Truffy et Bertrand Sinapi témoignent dans le numéro 9 de la revue Villa Europa (2020), actes de la Journée de l’Europe 2019 co-organisée par l’Université de la Grande-Région, l’Université franco-allemande, l’Université de la Sarre et l’Institut français de Saarbruck.[]
  39. Entre l’adaptation scénique des Nourritures de Corine Pelluchon (Seuil, 2015) au Collège des Bernardins en octobre 2016 par Paolo Handel (http://cubeblanccompagnie.com/ ) et le projet de « mise en scène » de La condition de l’exilé (ESMH, 2015) d’Alexis Nouss par Ricardo Montserrat (https://fr.wikipedia.org/wiki/Ricardo_Montserrat​), il appert qu’un nombre croissant de compagnies théâtrales mettent en scène des essais en sciences sociales.[]
  40. Fabienne Brugère et Guillaume Leblanc, La fin de l’hospitalité. Lampedusa, Lesbos, Calais… jusqu’où irons-nous ?, Paris, Flammarion, 2017, p.231.[]
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