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Le sujet de l’inconscient, une exception ordinaire ou L’ordinaire dans la cure psychanalytique

Cet article a été initialement publié dans le cadre du dossier “Retour à la vie ordinaire” co-dirigé par Sandra Laugier et Marie Gaille. Ce dossier a fait tout d’abord l’objet d’une parution papier dans la revue Raison publique, 2014/1 (n°18).

La psychanalyse paraît parfaitement s’inscrire dans ce mouvement fondamental de la civilisation moderne que Charles Taylor nomme « l’affirmation de la vie ordinaire ». Si, avec lui, on peut définir la vie ordinaire comme « la vie de production et la famille », « c’est-à-dire le travail, la fabrication des biens nécessaires à la vie, notre vie en tant qu’êtres sexuels, y compris le mariage et la famille », l’acceptation de celle-ci semble bien constituer la finalité même d’une cure analytique1. Freud tenait le recouvrement de la capacité d’aimer et de travailler pour la marque de la sortie de la névrose2. Le freudisme lui-même émerge de cette grande crise de la morale qui, du christianisme réformé à l’utilitarisme, a changé la place de l’homme dans l’univers. L’éthique freudienne est bien l’aboutissement d’une nouvelle position d’« exil où l’homme est par rapport à quelque bien que ce soit dans le monde3 ». Elle nous tient à l’écart de toute pastorale et de toute quête du souverain bien, dans un monde qui n’est pas tant désenchanté que déshabité des archétypes holistes qui assignaient aux hommes une résidence dans l’ordre du monde. Le sujet n’est désormais chez lui que dans ce qui fait sa vie, son désir et ses symptômes. Il n’est d’autre lieu qu’ordinaire.

La cure psychanalytique invite à prendre en compte la dimension de la vie ordinaire. Divers titres d’ouvrages de psychanalyse comprennent le terme « ordinaire »4. Sur un divan d’analyste, le respect de la règle de l’association libre ne conduit pas à élaborer d’extraordinaires spéculations, mais à évoquer les choses de la vie, dans leur banalité quotidienne, à formuler la pensée qui passe par l’esprit, même « si elle paraît sans importance » ou « désagréable à dire »5, voire, comme dit Lacan, « à dire des bêtises6». L’ordinaire est une voie d’accès à la vérité de l’inconscient. Néanmoins, le processus analytique ne saurait s’en tenir à cette dimension de l’ordinaire. Si l’expérience de la psychanalyse conduit un sujet à se mettre en règle avec l’ordinaire, cela passe par le courage d’admettre le caractère non-ordinaire de son désir, l’incongruité éventuelle de son fantasme, et autres éléments qui constituent la singularité subjective de l’inscription de chacun dans la vie. Elle mène à reconnaître le caractère « d’exception ordinaire » du sujet de l’inconscient.

L’ordinaire, une voie d’accès à l’inconscient

Dans « Le Moïse de Michel-Ange », Freud insiste sur l’importance du détail dans la cure analytique. Le détail, dans la contemplation d’une œuvre d’art ou dans l’écoute analytique, est ce que le sens, œil ou oreille, refuse. Est tenu pour de l’ordre du détail ce qui est secondaire, de peu de valeur, « pas extraordinaire ». Pourtant, de même que :

Le médecin Morelli a révisé l’attribution de nombreuses toiles de peintres en recommandant de détourner le regard de l’impression d’ensemble ou des grands traits d’un tableau et en mettant en relief l’importance caractéristique de détails secondaires, de vétilles telles que la représentation des ongles de mains, des lobes des oreilles, des auréoles et autres choses qu’on ne remarque pas7

de même, le psychanalyste doit se rendre attentif aux « traits sous-estimés », au « rebut », ou à ce que Freud désigne du terme anglais de « refuse » — le déchet. Bien souvent, pour ne pas respecter le cours de ses associations le sujet en analyse oppose aux idées qui lui passent par la tête des phrases comme : « c’est ridicule », « c’est banal », « c’est pareil pour tout le monde », « ce n’est pas très original ». L’attention « flottante » dont Freud recommande la pratique aux analystes désigne le fait de prendre tous les dires du patient au même niveau, sans discrimination entre l’ordinaire et l’extraordinaire. Renoncer à toute critique et à tout choix est une règle qui s’applique à l’analysant comme à l’analyste8. C’est dans le récit des menus incidents de la vie ordinaire que l’on peut entendre quelque chose de la vérité subjective, jamais dans les grandes généralités. Quand un analysant abandonne les grandes théories sur sa vie pour, souvent dans la gêne ou le sentiment d’être ridicule, creuser le détail banal, il se met sur la voie de la vérité de son désir.

De manière éloquente, Freud a commencé ses livres destinés à faire connaître la psychanalyse à un large public, par exemple Psychopathologie de la vie quotidienne en 1901, par l’analyse d’incidents banals et d’accidents sans gravité, lapsus, oublis, pertes, et autres actes dits manqués. Là encore, la méthode « flottante » de la psychanalyse consiste à mettre sur le même plan, certes intellectuel et non existentiel, les actes les plus communs et les symptômes les plus surprenants. Le principe est le même, et la différence entre les actes dits manqués et les symptômes est une différence de degré et non de logique.

Les actes habituels des névrosés en apprennent autant sur leur névrose que les manifestations spectaculaires de leurs maladies. Certaines névroses passent d’ailleurs inaperçues parce qu’elles épousent le cadre de la vie ordinaire. Ainsi la névrose obsessionnelle peut-elle être qualifié de névrose ordinaire, par opposition à la tendance hystérique à en appeler au regard de l’autre. Les rites de l’obsessionnel épousent le rythme de la répétition des jours et des nuits. Ce sont des choses de rien. « L’homme aux rats » raconta par exemple à Freud qu’un jour où son amie devait partir, ayant heurté une pierre dans la rue, il dut revenir la déplacer, de peur que son amie n’ait un accident, puis ayant trouvé cet acte absurde, dut repartir pour la remettre en place9. Cet acte compulsionnel ordinaire nous en apprend autant sur les contraintes obsessionnelles que les doutes paralysants ou les pensées suicidaires envahissantes. Les rêves, même bizarres, sont un phénomène des plus communs. Leur interprétation n’en constitue pas moins la voie royale, « la via regia qui mène à la connaissance de l’inconscient dans la vie psychique10».

L’ordinaire porte la marque du refoulé, non au sens où celui-ci serait enfoui dans les profondeurs, mais parce qu’il est tenu à l’écart de notre attention. Il n’est pas nécessaire de cacher son désir inconscient bien loin pour qu’il reste hors d’atteinte : on peut passer très banalement à côté de sa propre vie. Mais, pour peu qu’on sache à quoi être attentif, les coordonnées de notre désir sont accessibles dans les petites comme dans les grandes choses de la vie. Lacan a ouvert son volume Écrits par un commentaire du conte d’Edgar Poe, La lettre volée. Pour avoir été subtilisée, la lettre, dont Poe nous conduit à supposer qu’elle contient quelque secret adultère pouvant mettre la Reine dans l’embarras, n’est pas détenue dans un lieu extraordinaire. Elle est cachée à la vue de tous, sur la cheminée du salon du ministre qui l’a volée, dans un porte-cartes, au milieu de diverses cartes11. Les vérités de l’inconscient sont des vérités qui se cachent en se montrant, comme des lettres. Elles ont elles aussi rapport à une forme de littéralité. Il ne faut pas chercher bien loin le sens des rêves, mais il suffit d’appliquer le principe du rébus, c’est-à-dire celui de la lecture littérale12.

Le passage par l’ordinaire dans la cure analytique est donc la voie obligée de la vérité. L’ordinaire n’est pas le factuel, qui apprend peu et ne laisse aucune place à la subjectivité. La distinction de l’ordinaire et du factuel permet de séparer l’interprétation psychanalytique du délire d’interprétation paranoïaque. Le paranoïaque, lui aussi, repère des choses ordinaires — un signe de la main, la couleur d’une voiture — mais c’est pour les interpréter comme faits renvoyant à d’autres faits, dans l’extériorité à lui-même : c’est « ce qu’il observe des autres qui lui paraît significatif, donc susceptible d’interprétation13 ». C’est parce que son interprétation porte sur des faits extérieurs qu’elle est délirante. Chercher le vrai dans l’ordinaire n’est donc pas non plus superstitieux. Le superstitieux interprète des événements extérieurs, celui qui pratique l’analyse ses propres manifestations inconscientes14.

Si l’ordinaire est une voie d’accès à l’inconscient psychique, est-il cependant ce à quoi conduit l’investigation analytique ? Le terme d’« ordinarius », en latin, signifie « ce qui est rangé par ordre (ordo). L’ordinaire semble bien plutôt renvoyer à ce qui dérange, qui trouble, qui perturbe. L’ordinaire, en psychanalyse, s’il met sur la voie de la vérité, mène, à ce qui, pour chacun d’entre nous, n’est pas ordinaire, à savoir son propre désir ignoré de lui-même.

Se laisser surprendre par l’extraordinaire

Le désir, pour autant qu’il est inconscient, n’est jamais ordinaire. On discute toujours de la pertinence du terme d’inconscient chez Freud (Unbewusst), tout l’effort théorique de celui-ci visant à montrer que l’inconscient est précisément un savoir. Mais, cependant, ce terme a l’avantage d’être un terme négatif, et c’est la négation qui introduit au savoir de l’inconscient. La négation n’est certes pas mécaniquement retournable en une positivité. Tout « non » ne signifie pas « oui ». Mais elle est un mode d’expression du refoulement ; le refoulement est précisément ce qui s’exprime par la négation : « l’inconscient se caractérise d’abord par le dire que non » comme le résume Charles Melman15. Le désir inconscient est désir de ce qu’« il ne faut pas16». Le « non » est d’abord opposé à la réalité ordinaire, au profit des satisfactions hallucinatoires du principe de plaisir. On s’amuse à juste titre des lapsus politiques. Qu’un éminent président de parlement ouvre une séance en la décrétant close est aussitôt interprété de tous, à tort ou à raison, comme désir d’être ailleurs et de s’adonner — on le suppose — à plus de plaisir17. Les manifestations de l’inconscient mettent en général un peu de gaieté dans la réalité trop familière. Le ronronnement ordinaire est perturbé mais érotisé par les manifestations langagières de l’inconscient. Cette érotisation de la réalité familière est subversion de l’ordre, comme le rappelle Charles Melman :

Qu’est-ce qui va venir s’exprimer à cette occasion ? Ce seront des préoccupations sexuelles mais, attention ! des préoccupations sexuelles illégitimes, en dehors de la loi. On n’imagine pas un instant que ce qui viendrait s’exprimer là, ce serait quelque chose, un désir sexuel concernant « la bourgeoise » qu’il y aura à retrouver à la maison au retour. L’appareil ne se donnerait pas toute cette peine…Mais ce qui sera exprimé à l’occasion de ce sexe qui brusquement émerge, c’est le sexe qu’il ne faut pas, c’est le sexe interdit, c’est le sexe prohibé18.

Un commandement comme « Tu ne convoiteras pas la femme d’autrui », dans la mesure où il est chaque jour transgressé, a précisément pour fonction d’assurer au désir cette ouverture sur une dimension « autre » que la réalité obture19. Il n’existe, dans l’ordre humain, aucune naturalité du désir telle qu’à un sujet correspondrait un objet adéquat duquel il n’aurait plus qu’à jouir20. Le désir est toujours compliqué par le fait que nous parlons et que le langage fait exister ce qui n’est pas. Le désir, chez les êtres parlants, est « absolument problématique » et « à proprement parler pervers », c’est-à-dire « profondément inadapté et inadaptable », « fondamentalement manqué et perverti »21.

Comme le recueil d’Edgar Poe dans lequel prend place La lettre volée, l’ordinaire n’est que le cadre de ces Histoires extraordinaires que sont toujours les analyses, singulières et différenciées, des sujets qui en font l’expérience. Si une analyse est une histoire extraordinaire, c’est que chacun y découvre autre chose que ce qu’il en attendait, sa « lettre volée ». Dans le conte d’Edgar Poe, c’est bien parce que la lettre contient l’essentiel, le secret de la vie amoureuse de la Reine, qu’elle est dérobée et cachée. Même si elle n’est pas de l’ordre du fantastique, cette découverte est toujours une surprise. L’inconscient est pour chacun terra incognita. C’est une autre scène que celle du théâtre habituel de nos représentations22. Le déroulement d’une cure conduit un sujet à reconnaître le caractère singulier de son propre désir. Parce que le sujet de l’inconscient est content de s’exprimer, il passe par des dysfonctionnements ordinaires qui ne révèlent rien d’ordinaire. L’analyse par Freud de son propre oubli du nom propre Signorelli, au début de la Psychopathologie de la vie quotidienne, met au jour rien moins que la question du rapport de la mort et de la sexualité dans les préoccupations de Freud à ce moment-là23.

L’analyse est prise sur la mer du pulsionnel : « il s’agit d’un travail de civilisation, un peu comme l’assèchement du Zuydersee24 ». Freud lui-même se comparait à une sorte d’« aventurier », de « conquistador » et s’attribuait pour seul mérite l’audace de la découverte de l’étiologie sexuelle des névroses25. C’est ce courage qui a manqué à Josef Breuer dans la réflexion sur le cas princeps d’Anna O.. Breuer n’a pas voulu entendre la composante sexuelle du transfert sur lui de sa jeune patiente hystérique : il avait pourtant « en main la clé qui nous aurait ouvert “ les portes des Mères ”», explique Freud des années après26. Quand Freud cite Gœthe, c’est en général pour mettre au jour une trouvaille. Or, la suite étrange que Gœthe a donnée à sa version de l’histoire de Faust, le Second Faust, plonge dans l’univers de la Grèce antique. Pour aller chercher Hélène de Troie, symbole éternel de l’eros, le magicien du moyen âge doit aller à la rencontre de « déesses puissantes, qui trônent dans la solitude », « les mères ». On sait que Gœthe lui-même fut surpris de son invention, bien plus extraordinaire que celle de le figure de Méphistophélès dans le premier Faust27. Les mères gardent des secrets auxquels même le diable ne peut nous mener — Méphisto avoue à Faust son incompétence dans les affaires païennes28. Elles demeurent « dans la profondeur du vide », et il n’existe aucun chemin magiquement tracé pour mener vers elles, mais seulement un chemin de solitude29. Le but n’est que de parvenir à entendre ce qu’on a jamais entendu, et à aller au-delà de ce qui est immédiatement à sa portée30. La découverte de l’étiologie sexuelle des névroses, pour être scandaleuse, n’est pas diabolique, mais vise à montrer que l’archaïque, en chacun de nous, ne demande qu’à revivre sous le forme de nouveaux émois. C’est aussi par là que l’on se sent vivant, comme le dit encore le Faust du Second Faust : « la meilleure partie de l’homme est ce qui tressaille et vibre en lui31 ». Il arrive que des sujets entrent en analyse avec le sentiment d’être « ordinaires », « pas extraordinaires ». C’est une position dépressive dans laquelle le sujet s’identifie au rebut, au déchet, au détail du monde. Se sentir ordinaire revient à se sentir non désirable, voire indésirable. Le sujet ordinaire est celui qui a perdu la voie de son désir.

L’étrange jouissance d’un sujet peu ordinaire

Tel est l’effet du fantasme, en tant qu’il assure à chaque sujet ses possibilités de satisfaction sexuelle, que de faire briller une femme ou un homme ordinaire d’un éclat extraordinaire. L’amour dure tant que l’aimé(e) paraît receler cet objet caché, mais précieux et unique, que Lacan nomme lui aussi d’un terme emprunté à l’antiquité, l’agalma. L’agalma, comme notion proprement analytique, n’est pas tant parure ou ornement, que « bijou, objet précieux — quelque chose qui est à l’intérieur32». C’est bizarrement dans l’expérience d’incarner pour un autre l’objet du désir qu’un sujet échappe à l’ordinaire de la vie, n’est pas seulement « sujet de la parole », mais qu’il est « survalorisé », et devient « ce quelque chose d’unique, d’inappréciable, d’irremplaçable » dans le désir de quelqu’un. C’est étrangement quand nous abritons à notre insu et sans savoir pourquoi un objet qui nous fait resplendir que nous trouvons notre « dignité de sujet »33.

L’ordinaire, dans une psychanalyse, est bien souvent le masque ou l’occasion de l’incongru, ou plus encore de l’extraordinaire jouissance inconnue du sujet qui fait intrusion dans l’enfance. André Gide raconte ainsi dans son Journal la jouissance pas banale qui se saisissait de lui à la lecture du passage du Gribouille de George Sand dans lequel l’enfant se couvre de végétaux en se baignant, et se « sent alors devenir tout petit, léger, bizarre, végétal » : « Je témoigne que nulle page d’Aphrodite ne put troubler nul écolier autant que cette métamorphose de Gribouille en végétal le petit ignorant que j’étais34». L’entrée dans la jouissance n’est jamais ordinaire.

L’ordre de l’ordinaire réside dans la répétition du même. Il porte la marque de la pulsion de mort. Le désir inconscient, et la reconnaissance de celui-ci dans une cure analytique, réjouit et pacifie car il est désir d’altérité. Ce qui est vécu comme extraordinaire dans une analyse est cette rencontre de l’altérité, là où ne prévalait que le morne ressassement du même. Le finalité d’une cure analytique ne saurait donc consister en une adaptation à la réalité ordinaire. Au contraire, la reconnaissance par le sujet de son désir inconscient conduit à se débrouiller de ce qui le fait mal adapté, boiteux, compliqué. Toute cure requiert le courage freudien de franchir « la porte des mères ». À chacun, devant ce qui a pu être pour lui extraordinaire, de trouver sa solution. C’est seulement devant l’impossible du réel de son propre désir singulier qu’on peut prendre ses responsabilités. Impossible ne signifie pas « qui n’existe pas » mais qui n’est pas dans l’ordre, qui n’est pas ordinaire. Prendre sa place dans l’existence — en quoi résulte le processus analytique — c’est aussi se libérer du carcan de l’ordinaire.

La question se pose-t-elle cependant de la même façon selon les structures psychiques et les symptômes ? Qu’en est-il de ces sujets, qui arrivent, non pas en se trouvant trop ordinaires, mais au contraire exceptionnels ? La croyance en un caractère extraordinaire de certains destins humains est entamée par la psychanalyse. Les structures psychiques obéissent à des lois que chacun habille d’un mythe personnel, que l’analyse réduit cependant à ses composantes ordinaires. Même les traumas, au siècle des catastrophes, ne résistent pas à une analyse qui les ramène à leurs grands éléments constitutifs. La traumatophilie contemporaine est animée par un goût pour l’extraordinaire, qui ne rend pas service aux sujets réellement traumatisés, l’entretien du trauma les ramenant en permanence à l’expérience d’avoir été « réduits à zéro »35. La position d’exception est, dans la théorie psychanalytique, celle de l’hystérique qui en paye le prix en s’enfermant dans les souffrances et les plaintes. Le refus de l’ordinaire passe par alors la mise en scène parfois ostentatoire d’une différence qui sacrifie à l’image en refusant la satisfaction réelle. Pour obtenir, dans l’existence, un peu de satisfaction réelle, il faut se mettre en règle avec l’ordinaire.

Se mettre en règle avec l’ordinaire sans s’y sacrifier

Si le désir est toujours une surprise de l’inconscient, la satisfaction de celui-ci nous ramène à l’ordinaire. Le conte de Wilhelm Jensen, Gradiva, dans lequel un jeune archéologue allemand tombe amoureux d’un bas-relief de l’antiquité romaine, nous donne un exemple non seulement des surprises de l’inconscient, mais aussi du prix à payer pour obtenir du bonheur. Après avoir rêvé de la femme de plâtre comme d’une femme réelle, l’avoir surnommée « gradiva » en raison de sa démarche caractéristique, avoir déliré et halluciné, Norbert finit par reconnaître en celle-ci… Zoé, sa voisine de palier et amie d’enfance, lorsqu’il la rencontre par hasard à Pompéï et comprend finalement qu’il est amoureux d’elle depuis toujours. Pour Freud, qui commente la nouvelle de Jansen en 1907, la jeune femme, en amenant son ami à engager avec elle une relation amoureuse réelle, et en lui promettant une vie conjugale parfaitement ordinaire, travaille à la levée du refoulement et à sa guérison en le mettant sur la voie d’une satisfaction dans la réalité36. L’extraordinaire « fantaisie pompéienne » se solde par un retour à la vie ordinaire.

L’aveu du désir ramène inévitablement à l’ordinaire. Comme le remarque Lacan dans le séminaire Le désir et son interprétation, il est, pour cette raison, souvent comique : « La comédie est un curieux attrape-désir, et c’est pourquoi chaque fois qu’un piège du désir fonctionne nous sommes dans la comédie »37. À la différence de la tragédie, qui met en scène le caractère toujours foncièrement raté de la rencontre amoureuse, la comédie ramène le désir à la banale dimension de la « drague » : il ne s’y agit que d’ « attraper l’autre ». Mais ce qui se découvre du sujet à cette occasion est sa faille intime, qui fait choir sa belle image spéculaire. Contre toute mythologie de l’épanouissement personnel, la comédie nous apprend que quand un sujet prend le risque de chercher à réaliser son désir, il renonce de fait à son narcissisme, à l’idéalisation de soi. La comédie, depuis Aristote, ne porte pas, au contraire de la tragédie sur des hauts faits mais sur la banalité de la vie, et ne concerne pas des personnages extraordinaires, mais ramène chacun à son ordinaire, à son côté risible, voire ridicule38. La tragédie met en scène le ratage amoureux extraordinaire, la comédie le ratage amoureux ordinaire.

La comédie révèle en effet la loi de la vie ordinaire : notre ancrage dans la finitude et l’immanence. Les progrès de la science participent de cette extension du comique à l’ensemble de la condition humaine. Ils sont tous des « blessures narcissiques ». Copernic expulse l’homme du centre de l’univers, Darwin du sommet de la création. La condition humaine devient encore plus comique avec Freud, car si le désir est inconscient, l’homme s’échappe à lui-même. Telle est déjà la profondeur de Molière que de l’avoir anticipé. Le caractère comique du désir, chez Molière, c’est le « désir en tant qu’il apparaît là où on ne l’attendait pas » : le père, comme Arnolphe de L’école des femmes, est ridicule, le dévot — Tartuffe — est hypocrite, l’avare tombe amoureux39. Cela provoque la gêne, voire le scandale. Molière mourut dans la disgrâce pour avoir révélé la tartufferie ordinaire des courtisans de Louis XIV. Si l’individualisme contemporain n’est plus, comme le montre Christopher Lasch, qu’une culture du narcissisme, la mise au jour de l’ordinaire ne peut que susciter de la répulsion40. Le narcissisme est d’ailleurs bien pour Taylor une dérive possible de la véritable éthique de la vie ordinaire, qu’est selon lui l’idéal d’authenticité, de sincérité et de fidélité envers soi-même41.

Il faut certes un peu de fantaisie au départ, car c’est encore un fait humain que toute expérience de satisfaction, parce qu’elle oblige à se plier à la loi de l’ordinaire, est en même temps vécue comme déceptive. Lacan attire notre attention sur le dernier mot du Projet d’une psychologie de Freud, en 1895 : « monotone ». Par opposition à la richesse bariolée de nos rêves, la voie de la satisfaction est monotone42. S’il en est ainsi, c’est que l’action visant à la satisfaction, appelée par Freud « action spécifique » est toujours en défaut par rapport au principe de plaisir, « il lui manquera toujours quelque chose43 ». Il n’y pas là concession à une quelconque fatalité, mais seulement constat de ce fait que, dans l’ordre humain, la jouissance passe par l’autre. Tout désir est désir de l’autre, et « l’expérience de satisfaction du sujet est entièrement suspendue à l’autre44 ». L’accès à la satisfaction doit en passer par ce que l’altérité comporte de dépaysant pour un sujet, mais aussi d’incertain, voire de précaire.

La loi de l’ordinaire porte en psychanalyse le nom de technique de castration. La castration ne signifie pas, comme on le croit parfois, une amputation de notre capacité à désirer. Elle est au contraire la condition même du désir. Si elle bride quelque chose, c’est le narcissisme et la toute-puissance infantile, qui sont les vrais obstacles au désir et à la jouissance. La loi de la castration signifie que pour un sujet, s’engager dans la réalisation de son désir — ou du moins tenter de la faire — c’est prendre position, ne pas chercher à être sur tous les fronts de la jouissance, ni chercher à gagner à tout coup et à moindre coût. Cela signifie aussi qu’il n’y a pas de mot adéquat pour dire le désir : « Pour exprimer le désir, la sagesse populaire le sait fort bien, il n’y a que du baratin45  ».

L’extraordinaire ne peut donc résider que dans l’entretien de l’insatisfaction. Telle est la position hystérique, qui se défend contre la castration, en refusant son ordinaire. L’hystérique fait des histoires et ne sait pas ce qu’elle veut, comme l’illustre le rêve de « la belle bouchère » analysé par Freud dans L’interprétation des rêves : Une jeune femme, épouse d’un boucher, veut donner un dîner mais n’a qu’un peu de saumon fumé. Toutes les boutiques sont fermées, le téléphone ne fonctionne pas. Elle doit renoncer au désir de donner un dîner46. La rêveuse explique à son analyste qu’elle adore le caviar mais n’en veut pas. Elle aimerait bien manger une tartine de caviar tous les matins, mais se le refuse. Elle sait bien que si elle le demandait à son mari, celui-ci le lui accorderait aussitôt, mais lui a expressément demandé de ne pas le faire. Une de ses amies entretient le même rapport au saumon fumé. Pour se défendre contre la castration et ce que la satisfaction comporte d’ordinaire, voire, à la longue, de routinier et de lassant, l’hystérique rêve d’insatisfaction47. C’est aussi la raison de l’identification à l’autre, présente dans le rêve. Au contraire de l’obsessionnel qui, pour éviter l’ordinaire, se crée un désir impossible, et fuit d’autant plus devant la possibilité de satisfaire son désir qu’il est subjectivement plus engagé, la version du désir de l’autre adoptée par l’hystérique est l’incessant désir est d’avoir autre chose, le perpétuel désir d’être ailleurs, le souci constant d’être autre, bref l’insatisfaction.

Il y a du vrai dans l’hystérie, et ce n’est pas un hasard si c’est à partir de cures d’hystériques que la psychanalyse a été inventée. L’hystérie est bien plus qu’une névrose, c’est un type de discours. Un discours est une capacité à lier, et les liens sociaux sont toujours en leur principe des formes discursives. Le discours de l’hystérique est celui de la subjectivité. Subjectivité plaintive mais revendicatrice, ou subjectivité souffrante dans ses inhibitions, la subjectivité hystérique assume la faille qui la constitue et son ouverture sur l’inconscient. Le sujet de l’inconscient est l’agent même du discours hystérique48. L’hystérique livre son savoir inconscient, dont le texte est, pour chacun d’entre nous, inédit. Ce qui est unique, et jamais ordinaire, jamais « dans l’ordre », c’est l’ensemble des bribes linguistiques, mots, jeux de mots, lettres, phonèmes, qui ont tissé notre désir, et peuvent à nouveau nous ouvrir « la porte des mères ». Si, dans une cure analytique, tout sujet, quelle que soit sa structure, devient pendant un certain temps hystérique, c’est parce qu’il doit en passer par cette découverte surprenante de son exceptionnalité.

Pourtant, celle-ci est fausse et illusoire. L’hystérie n’est pas le but de la cure analytique. Le sujet hystérique est prisonnier d’une solitude souffrante, et incapable d’un rapport pacifié à l’altérité. L’individualité narcissique dans laquelle peut s’enfermer l’hystérique est ignorante des liens qui constituent la trame du désir. Par provocation, l’hystérique répugne à l’ennui et à la routine, et préfère le désordre à l’ordre, quitte à le payer d’une jouissance mortifère qui la conforte dans l’exceptionnalité de son destin. Freud vantait à ses premières patientes hystériques l’avantage qu’elles trouveraient à transformer la « misère hystérique en malheur banal49 ». Ce que découvre aussi une analyse, c’est qu’il existe un sens de l’ordre, et donc de l’ordinaire, qui n’est ni moral ni politique. L’ordre est aussi symbolique. Il passe par le mise en ordre des signifiants qui nous ont fait être intimement ce que nous sommes. Même si la position subjective est toujours une position d’exception, voire d’exclusion, il s’agit là d’une exception ordinaire, qui tient à la structure de l’être parlant. L’ordre symbolique consiste à se mettre en règle avec son propre désir. L’ordinaire, à savoir, « ce qui rangé en ordre », n’est plus, au terme du processus analytique, qu’un certain enchaînement, unique pour chacun de nous, des signifiants qui nous font exister pour les autres, et par lesquels les autres existent pour nous. L’ordre symbolique est la voie de l’échange qui sort un sujet du très aliénant sentiment de soi. Passer d’une exception misérable ou grandiose à une exception ordinaire, c’est devenir capable de compter, et de se compter.

Que l’ordinaire ait une valeur heuristique en psychanalyse ne signifie donc aucunement qu’il existe, du point de vue analytique, un ordre — ordre du monde ou un ordre de la réalité — auquel le sujet aurait à se conformer. L’ordre auquel une analyse peut inviter un sujet à se plier n’est que symbolique ; c’est l’ordre qui le régit comme être désirant, lui et nul autre. Pour cette raison, la cure réconcilie avec l’ordinaire, sans jouissance sacrificielle dépressive ni complaisance molle, mais dans l’acceptation d’une tempérance imposée par le principe de plaisir. Le sujet entrant dans l’ordre symbolique est, à l’issue d’une cure, à même de trouver sa propre place. Mais c’est par un cheminement qui lui a appris que l’inconscient lui réserve toujours des surprises peu ordinaires, qui donnent du prix à la vie telle qu’elle est, c’est-à-dire comme dit Freud « pas grand chose » mais « tout ce que nous avons50 ».

 

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NOTES

  1. Charles Taylor, Les sources du moi, La formation de l’identité moderne (1989), trad. Charlotte Mélançon, Paris, Seuil, 1998, p. 28 et p. 273. []
  2. «Le but à atteindre dans le traitement sera toujours la guérison pratique du malade, la récupération de ses facultés d’agir et de jouir », Sigmund Freud, « La méthode psychanalytique de Freud », (1904), La technique psychanalytique, trad. Anne Berman, Paris, PUF, 1953, p. 6. []
  3. Jacques Lacan, L’éthique de la psychanalyse, séminaire 1959-1960, Paris, Seuil, 1986, p. 111. []
  4. On peut citer Jean-Pierre Lebrun, La perversion ordinaire, Vivre ensemble sans autrui, Paris, Denoël, 2007, ou Marie Andersen, La manipulation ordinaire, Reconnaître les relations toxiques pour s’en protéger, Bruxelles, Ixelles, 2010. []
  5. Sigmund Freud, Josef Breuer, Études sur l’hystérie, (1895), trad. Anne Berman, Paris, PUF, 1956, p. 225 ; Sigmund Freud, « L’homme aux rats », (1909), in Cinq psychanalyses, trad. M. Bonaparte et R. Loewenstein, Paris, PUF, 1954, p. 202. []
  6. « Le sujet est proprement celui que nous engageons, non pas, comme nous lui disons pour le charmer, à tout dire — on ne peut pas tout dire — mais à dire des bêtises », Jacques Lacan, Encore, séminaire 1972-1973, Paris, Seuil, 1975, p. 25. []
  7. Sigmund Freud, « Le Moïse de Michel-Ange », (1914), in L’inquiétante étrangeté et autres essais, trad. Bertrand Feron, Paris, Gallimard, 1985, réed. coll. « folio », p. 103. []
  8. Sigmund Freud, « Conseils aux médecins », (1912), in La technique psychanalytique, op. cit., p. 62. []
  9. Sigmund Freud, « L’homme aux rats », in Cinq psychanalyses, op. cit., p. 222. []
  10. Sigmund Freud, L’Interprétation des rêves (1900), trad. Jean-Pierre Lefebvre, Seuil, 2010, p. 651. []
  11. « À la longue, mes yeux faisant le tour de la chambre, tombèrent sur le misérable porte-cartes, orné de clinquant, et suspendu par un ruban bleu crasseux à un petit bouton de cuivre au-dessus du manteau de la cheminée. Ce porte-cartes, qui avait trois ou quatre compartiments, contenait cinq ou six cartes de visite et une lettre unique. (…) À peine eus-je jeté un coup d’œil sur cette lettre, que je conclus que c’était celle que j’avais en quête », Edgar Poe, La lettre volée, in Histoires extraordinaires, (1839), trad. Charles Baudelaire, (1856), Paris, Gallimard, 1973, coll. « folio ».[]
  12. Sigmund Freud, L’interprétation des rêves, op. cit., p. 320. []
  13. Sigmund Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne, (1901), trad. S. Jankélévtich, Paris, Payot, 1923, réed. « Petite bibliothèque Payot », p. 293. []
  14. « Ce qui me distingue d’un homme superstitieux est donc ceci : je ne crois pas qu’un événement, à la production duquel ma vie psychique n’a pas pris part, soit capable de m’apprendre des choses cachées concernant l’état à venir de la réalité ; mais je crois qu’une manifestation non intentionnelle de ma propre activité psychique me révèle quelque chose de caché qui, à son tour, n’appartient qu’à ma vie psychique », Ibid., p. 295. []
  15. Charles Melman, Pour introduire la psychanalyse aujourd’hui, séminaire 2001-2002, Éditions de l’ALI, p. 23. []
  16. Ibid., p. 26. []
  17. Sigmund Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne, op. cit., p. 72. []
  18. Charles Melman, Pour introduire la psychanalyse aujourd’hui, op. cit., p. 26. []
  19. Jacques Lacan, L’éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 101. []
  20. « La base de toute morale qui s’est exprimée jusqu’à présent, jusqu’à un certain point, dans la tradition philosophique, revient en somme à ce que l’on pourrait appeler la tradition hédoniste qui consiste à établir une sorte d’équivalence entre ces deux termes du plaisir et de l’objet, au sens où l’objet est l’objet naturel de la libido » Jacques Lacan, Le désir et son interprétation, leçon du 12 novembre 1958. []
  21. Jacques Lacan, Les formations de l’inconscient, séminaire 1957-1958, p. 311. []
  22. Sigmund Freud, L’interprétation des rêves, op. cit., p. 83. []
  23. Sigmund Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne, op. cit. , p. 10. []
  24. Sigmund Freud, « La décomposition de la personnalité psychique », in Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, 1933), trad. Rose-Marie Zeitlin, Paris, Gallimard, 1984, p. 110. []
  25. « Je ne suis absolument pas un homme de science, un observateur, une expérimentateur, un penseur. Je ne suis rien d’autre qu’un conquistador par tempérament, un aventurier si tu veux le traduire ainsi, avec la curiosité, l’audace et la ténacité de cette sorte d’homme. », Sigmund Freud, Lettres à Wilhelm Fliess, 1887-1904, (lettre 235 du 1er février 1900), trad., Françoise Kahn et François Robert, Paris, PUF, 2006, p. 504. []
  26. Sigmund Freud, Correspondance, 1873-1939, (lettre à Stefan Zweig du 2 juin 1932), trad. Anne Berman, Paris, Gallimard, 1966, réed., 1979, p. 448. []
  27. Gœthe fait dire à Méphistophélès : « L’on se sent ému rien que de parler d’elles. ce sont LES MÈRES », et plus loin à Faust « Des mères ! cela me frappe toujours comme une commotion électrique », Gœthe, Second Faust, (posth. 1832), trad. Gérard de Nerval, Paris, Bordas, coll. « Classiques Garnier », 1990, p. 204 et p. 206. []
  28. « Méphistophélès : “Tu comptes évoquer Hélène comme le fantôme du papier-monnaie, avec des sorcelleries empruntées, avec des fantasmagories postiches…J’appelle aisément à mon service les sorcières, les nains et les monstres ; mais des telles héroïnes ne servent point aux amourettes du diable” (…). Le peuple des ombres païennes est en dehors de ma sphère d’activité », Ibid., p. 204. []
  29. Ibid., p. 204 et p. 205. []
  30. « Méphistophélès : “Veux-tu n’entendre rien toujours que ce que tu as entendu ? Tu es maintenant assez accoutumé aux prodiges pour ne point t’étonner de ce que je puis dire au-delà de ta portée” », Ibid., p. 206. []
  31. Ibid., p. 206. []
  32. Jacques Lacan, Le transfert, séminaire 1960-1961, Paris, Seuil, 1991, p. 165-166. []
  33. Ibid., p. 203. []
  34. Cité in Jacques Lacan, Le désir et son interprétation, op. cit., leçon du 24 juin 1959. []
  35. Ce zéro est le rien, et non le début de la numération, comme le dit bien le psychanalyste Jacques Marblé  : « Avoir été ne serait-ce qu’un instant le zéro l’extrait pour toujours < le sujet traumatisé > de la comptabilité des humains ». Jacques Marblé, « Ça ne fait pas névrose », Psychanalyse 1/2005 (no 2) p. 14. []
  36. Sigmund Freud, Le délire et les rêves dans la Gradiva de W. Jensen, (1907), trad. Paule Arbex et Rose-Marie Zeitlin, précédé de Wilhelm Jensen, Gradiva, fantaisie pompéienne, (1903), trad. Jean Bellemin-Noël, Paris, Gallimard, 1986. []
  37. Jacques Lacan, Le désir et son interprétation, leçon du 3 juin 1959. []
  38. « La comédie est, comme nous l’avons dit, l’imitation d’hommes de qualité morale inférieure, non en toute espèce de vice, mais dans le domaine du risible », Aristote, Poétique, 1449 a 31, trad. J. Hardy, Paris, Les Belles Lettres, 1932, coll. « Budé », p. 35. []
  39. Jacques Lacan, Le désir et son interprétation, leçon du 3 juin 1959. []
  40. Christopher Lasch, La culture du narcissisme, La vie américaine à un âge du déclin des espérances (1979), trad. Michel Landa, Climats, 2000, réed. Paris, Flammarion, 2006, coll. « Champs ». []
  41. Charles Taylor, Le malaise de la modernité (1991), trad. de l’anglais par Charlotte Mélançon, Paris, édition du Cerf, 2002 réed, coll. « humanités », 2008, p. 43. []
  42. Sigmund Freud, Projet d’une psychologie (1895) in Sigmund Freud, Lettres à Wilhelm Fliess, 1887-1904, op. cit., p. 693. []
  43. Jacques Lacan, L’éthique de la psychanalyse, op. cit., p. 52. []
  44. Ibid., p. 50. []
  45. Jacques Lacan, Les formations de l’inconscient, op. cit., p. 383.[]
  46. Sigmund Freud, L’interprétation des rêves, op. cit., p. 186. []
  47. « Je note qu’elle a absolument besoin de se créer un désir insatisfait dans sa vie », Ibid., p. 187. []
  48. Jacques Lacan, L’envers de la psychanalyse, séminaire 1969-1970, Paris, Seuil, 1991. []
  49. Sigmund Freud, Josef Breuer, Études sur l’hystérie, op. cit., p. 247.[]
  50. « Nous sommes enclins à bien diminuer la valeur du critère de l’état conscient, puisqu’il s’est montré si peu sûr. Mais nous aurions tort. Il en va comme de notre vie : elle ne vaut pas grand-chose, mais c’est tout ce que nous avons », Sigmund Freud, « La décomposition de la personnalité psychique », in Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse, op. cit, p. 97-98.[]
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