Comment définir la vulnérabilité ? L’apport de Robert Goodin

Que ce soit dans la philosophie morale et politique contemporaine ou dans les sciences sociales, la catégorie de vulnérabilité semble aussi souvent utilisée que rarement définie. Ce paradoxe constitue l’une des raisons pour lesquelles on a pu lui adresser l’objection d’être une « notion éponge », au sens bachelardien du terme[1]. Une telle objection nous semble révélatrice des difficultés suscitées par les usages de plus en plus nombreux de la notion de vulnérabilité, mais dommageable dans la mesure où elle peut aller de pair avec le refus de considérer ce que cette catégorie peut cristalliser d’intuitions fécondes et présager de remaniements théoriques importants, notamment dans les champs de la philosophie morale et politique.

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La terre est-elle fragile ?

Le faible roseau, la rose éphémère : souvent des éléments naturels ont servi à symboliser la fragilité et la finitude de l’homme. Mais, lorsqu’il s’agit de présenter la fragilité de la nature elle-même, pas seulement d’en faire une métaphore de celle de l’humanité, l’échelle change : c’est la planète entière qui est convoquée. Mais, pour voir ainsi la terre depuis l’espace, il fallait bien l’avoir quittée. Cette vision protectrice ne serait-elle pas aussi dominatrice ? L’autre face de la reconnaissance de la fragilité de la terre ne serait-elle pas l’affirmation de la puissance de l’homme ?

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Les vulnérables et le géomètre. Sur les usages du concept de vulnérabilité dans les sciences sociales

La manière dont les sciences sociales se sont récemment emparées du concept de vulnérabilité est conditionnée par deux thématiques : celle des « populations vulnérables » d’une part, celle de l’exposition des sociétés contemporaines à des crises écologiques d’autre part. Dans un cas elle est synonyme de répartition inégale des risques, dans l’autre elle fait référence aux effets indésirables de l’activité humaine.

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Grammaires de la vulnérabilité

La notion de vulnérabilité a acquis une certaine fortune ces dernières années dans le champ de la réflexion d’abord morale, puis politique, souvent en association avec d’autres notions comme celle de dépendance, de faiblesse ou de fragilité. Elle a d’abord été employée dans une perspective normative : il y aurait une catégorie de « vulnérables ». La notion semble également avoir un sens descriptif, renvoyant alors à l’idée d’une condition humaine à « reconnaître » : nous sommes tous vulnérables, et c’est cette dimension qu’il faut accepter, en rupture avec les différents impératifs ou idéaux moraux qui constituent la morale classique. Cette vulnérabilité est commune au monde animal, qui nous la révèle. Elle semble donc avoir un sens nouveau et expérimental, qui serait étendu au non-humain. La question semble alors se renverser : qu’est-ce que qui n’est pas vulnérable ?

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Les écuries d’Augias : mythe de la performance et déni de vulnérabilité

Des éthiques du care, on s’attend à ce qu’elles interviennent dans le renouveau de la pensée morale ou dans la réflexion sur le travail du care, sa dévalorisation, ses crises, ses migrations. Dans cet article, je voudrais prolonger sous un aspect sensiblement différent la puissance critique du care du point de vue des évolutions du travail.

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