La politique révolutionnaire des droits de l’homme

Aujourd’hui, il apparaît pour le moins contre-intuitif de qualifier de révolutionnaire une politique des droits de l’homme. Qu’est-ce qui pourrait en effet être moins subversif, moins contestataire, plus trivial ou plus usé par un emploi intempestif que les droits de l’homme ? Ces derniers semblent payer un lourd tribut à la quasi-complète hégémonie qu’ils ont acquise dans le champ des idées politiques au cours des dernières décennies : leur banalisation. Dans cet article, j’aimerais suggérer que comprendre les droits de l’homme à la lumière de cet héritage, c’est-à-dire comme étant intrinsèquement liés à leurs origines révolutionnaires, a d’importantes implications tant du point de vue théorico-politique que du point de vue pratique.

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DROITS DE L’HOMME ET RAISON PUBLIQUE en perspective post-séculière

Les grandes tribulations du XXème siècle sont le traumatisme fondateur du projet européen. Les deux guerres mondiales, la grande dépression de l’entre-deux-guerres, la catastrophe génocidaire ont brisé le triomphalisme d’une humanité portée par l’imaginaire d’une Raison promettant l’émancipation des êtres humains grâce à un progrès indéfini de la connaissance et de la liberté. Depuis lors, l’humanité européenne ne peut sans déchoir se délester de son « identité malheureuse » qu’en échangeant sa culpabilité contre une responsabilité assumée à l’égard du passé.

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Les droits de l’homme et la question de l’action

Dans les choses morales et politiques, le plus difficile est de voir ce que nous voyons. Nous ne les voyons en effet qu’à travers des opinions, le plus souvent confuses. La première tâche de la science politique consiste donc à décrire le moins mal possible ce que nous avons sous les yeux quand nous parlons des droits de l’homme. Ce qui caractérise le moment présent, c’est l’autorité en quelque sorte exclusive que la notion possède pour nous ou parmi nous. Or, pour apprécier le caractère de cette situation, il est indispensable de parcourir sommairement l’histoire effective de cette notion, non pas son histoire conceptuelle, mais son histoire politique, l’histoire de la manière dont la notion s’est insérée dans le mouvement de la politique moderne.

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Droits de l’homme et politique – Introduction

À l’époque où Lefort publie son article (1979), la « révolution des droits de l’homme »[3] – qui allait conduire à une forte revalorisation du discours des droits dans les discours (sinon les pratiques) politiques et philosophiques en était à ses débuts. Les mouvements des dissidents des pays sous domination soviétique, qui en constituent l’arrière-plan historique principal, étaient au cœur de l’actualité et la plupart des associations et organisations non-gouvernementales associées à la « cause » des droits de l’homme prenaient leur essor – ce dont témoigne l’octroi du prix Nobel de la Paix à Amnesty International en 1977. Aujourd’hui – comme Pierre Manent nous le rappelle dans son article – les droits de l’homme semblent avoir acquis une « autorité en quelque sorte exclusive » au sein des sociétés démocratiques. D’où l’importance de réfléchir à la signification de ce concept dans une perspective à la fois théorique et historique.

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Quelles vies pour les corps irradiés ? Désorientation et résistance après l’accident nucléaire de Fukushima

En juillet 2014, une bande dessinée intitulée Oishinbô publiée hebdomadairement dans la revue Jump, qui évoquait le saignement de nez d’un journaliste parti enquêter dans la ville de Fukushima, s’est trouvée centre d’un débat animé. Si actuellement, il n’en reste rien, sinon une impression de confusion dans le débat autour d’une œuvre de fiction, demeure la douloureuse question des traces d’irradiation sur les corps des personnes vivant dans la zone de Fukushima.

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Le paradigme des capabilités face aux situations de désastre

Cette contribution interroge les outils conceptuels et langagiers dont nous disposons face aux catastrophes. Dans des situations telles que celles qui sont évoquées dans ce volume – désastre nucléaire de Fukushima, sida, après-catastrophe Katrina – les mots dont nous disposons sont essentiels : parce qu’ils attribuent blâme, excuses, responsabilités, revendications de droit, les mots et concepts théoriques nous permettent d’exprimer une réaction politique à l’événement.

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L’apport d’une sociologie des attachements pour penser la catastrophe environnementale

Cet article propose de réévaluer l’importance de manières « ordinaires » de « tenir à l’environnement » en montrant que cette réévaluation permet de mieux saisir les enjeux de la réparation d’une catastrophe environnementale. Il analyse ces modes ordinaires de tenir à l’environnement comme autant de manières de « s’engager avec ce qui environne » sur une base de proximité, en particulier par les processus privilégiés de familiarisation et habituation.

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Anthropologie du désastre, care, formes de vie

Les grands désastres collectifs produisent des formes de vulnérabilité extrême. Or ces situations de vulnérabilité adviennent de la mise en danger, voire de la perte totale, des formes de vie humaine tenues pour ordinaires. Cette perte des formes de vie, même quand elle n’affecte pas de manière identique ni égale les populations exposées, est globale et politique – en un sens qui reste à explorer.

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Le triage social et les limites du care : penser la catastrophe, le care et les capabilités à travers l’exemple de Katrina

Il peut sembler aller de soi que la question de la catastrophe est inséparablement liée à des préoccupations éthiques ; pourtant, même dans les dernières décennies, il n’en allait pas ainsi. Plus récemment, l’anthropologie morale, à propos de situations de catastrophe, de pauvreté chronique et de violence politique, a montré comment une éthique ordinaire et des compétences morales invisibles se révélaient dans des moments de rupture et de destruction.

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Prendre soin de soi, envers et contre tout : version du care

Nous allons tenter d’étudier les effets délétères et inattendus des discours de prévention et médicaux visant à ce qu’une population prenne soin d’elle. Témoignant selon notre appréciation d’un véritable « prendre soin de soi », ces phénomènes caractéristiques de l’évolution de cette épidémie dans cette communauté, nous donnent l’occasion d’approcher des configurations particulières du risque, de ses mutations et de leurs conséquences sur notre interprétation des réactions induites par le risque lorsqu’il est pris ou désigné comme devant être évité.

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