Et si ce que nous appelons le terrorisme était une maladie du langage ? Et si l’acte terroriste était aussi, et peut-être tout d’abord, un acte linguistique mais alors : un acte mal maîtrisé et qui révélerait chez le sujet parlant une aphasie d’un genre particulièrement déroutant ? Je donne à la notion d’acte de langage le sens qu’elle a chez Austin dans Quand dire, c’est faire. Le Speech Act a pour but de changer le réel par une prise de parole. J’interviens activement, par le langage, dans les choses du réel. Je parviens effectivement à opérer un changement si mon langage est « heureux ». « Bonheur » (Felicity) et « malheur » (Infelicity) sont en effet les deux critères à l’aune desquels Austin juge l’acte « performatif »[1]. Je prends la parole. Si l’effet produit par celle-ci est désiré par moi, mon langage a été « heureux ». Dans le cas inverse, je suis un locuteur « malheureux ». Austin appelle l’échec qui apparaît à ce moment un « raté » ou Misfire. La métaphore, on le voit, est martiale. Le locuteur-tireur « rate sa cible ». On pourra dire aussi, puisque le réel ne lui obéit pas, qu’il a fait long feu.
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