L'”ordinaire” des camps (R. Antelme, P. Levi, Imre Kertész)

Ce qui nous intéresse ici, c’est la façon dont peut se constituer pour les victimes, au sein même du camp, un ordinaire, une vie quotidienne, commune et partagée. Un ordinaire pas ordinaire cependant, qui déstabilise les idées communes que l’on peut s’en faire, qui montre surtout la charge éthique qui peut s’y rattacher et que révèlent les efforts produits pour en préserver quelque chose face à des atteintes d’une violence totale.

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Revenir à l’ordinaire. L’exercice de la connaissance en situation d’intervention

Une manière d’envisager l’existence de domaines de l’intervention sur autrui dans les sociétés modernes est de décrire comment se réalise l’activité professionnelle qu’accomplissent ceux dont le métier consiste à faire se modifier les conduites d’un individu qu’ils ont mandat d’assister, d’éduquer, de soigner ou de “réhabiliter”. Les innombrables enquêtes que la sociologie a mené pour apporter une réponse à cette question ont mis en lumière un principe qui organise l’activité professionnelle : pour réaliser pleinement sa vocation thérapeutique, une prise en charge doit neutraliser une partie de ce qui constitue l’ordre des relations ordinaires que les membres d’une société entretiennent les uns avec les autres.

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L’ordinaire comme commencement du travail sur soi : le cas de la prise en charge des hommes et des femmes sans domicile

L’arrivée à la rue, l’installation dans le statut de « sans domicile fixe » ou de « sans abri » est rarement dû à la seule perte du logement, c’est généralement une étape, parfois l’aboutissement, d’un processus de disqualification commencé dans l’enfance. Au cours de l’étude de terrain que nous avons réalisée dans le cadre de notre doctorat de sociologie, nous avons observé plusieurs éléments mis en place dans l’objectif de « réinsérer » les personnes hébergées en centre d’hébergement. Nous avons constaté que, devant l’impuissance à proposer une réinsertion économique stable, les travailleurs sociaux s’attelaient à ancrer les personnes hébergées dans une routine quotidienne ordinaire.

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L’ordinaire tient à un fil…

L’ordinaire ne tient qu’à un fil. L’ordinaire, dit le dictionnaire, c’est ce que l’on fait habituellement. Il suffit de peu pour ne plus le faire. On peut trouver l’ordinaire sans intérêt, un peu plat, et vouloir s’en échapper, par exemple s’enivrer. Mais l’ordinaire peut cesser d’être plat d’une autre manière, à partir du moment où il perd son évidence, où il cesse d’être naturel. La maladie fait rupture dans l’ordinaire, qu’il s’agisse d’une simple fracture ou de tout autre pathologie, l’annonce est brutale : rien, pour un temps, ne sera « comme avant ».

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Le retour à la vie ordinaire : un enjeu épistémologique pour la philosophie morale. Ce que nous apprend l’enquête éthique en contexte médical

La maladie, ou l’accident sont le plus communément présentés comme des éléments de rupture du cours « ordinaire de la vie », voire de transformation radicale du mode de vie jusque-là adopté. Dans cette vision des choses, on n’assimile pas nécessairement l’état pathologique à une situation extraordinaire, tandis que l’état de santé incarnerait la normalité. La notion d’« ordinaire » désigne alors le coutumier, ce qui constitue le quotidien de la personne de façon habituelle. À partir de cette acception, on pourrait considérer que le contexte médical est dénué de pertinence lorsqu’on entend évoquer la vie ordinaire.

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Le sujet de l’inconscient, une exception ordinaire ou L’ordinaire dans la cure psychanalytique

La psychanalyse paraît parfaitement s’inscrire dans ce mouvement fondamental de la civilisation moderne que Charles Taylor nomme « l’affirmation de la vie ordinaire ». Si, avec lui, on peut définir la vie ordinaire comme « la vie de production et la famille », « c’est-à-dire le travail, la fabrication des biens nécessaires à la vie, notre vie en tant qu’êtres sexuels, y compris le mariage et la famille », l’acceptation de celle-ci semble bien constituer la finalité même d’une cure analytique.

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Qu’est-ce que réparer ? De la justice réparatrice à la réparation du bien commun

La réparation relève avant tout de la mécanique, et de la justice en tant que celle-ci implique une mécanique des compensations lorsqu’un dommage est constaté, mais elle relève également – d’une certaine manière – de la médecine dans la mesure où cette-dernière traite la pathologie (comprise comme privation pour un corps de ses fonctions optimales de résistance à la morbidité). Mais c’est précisément la question de la justice, et notamment la justice réparatrice, qui va m’intéresser ici dans la mesure où elle pose paradoxalement la possibilité de la réparation comme étant étroitement corrélée à ce qui a trait à l’irréparable, et donc a priori à l’impossible retour à la vie ordinaire.

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