La Fiction politique : hypothèses

Ce prélude épigraphique au présent volume a pour fin de souligner d’emblée les raisons principales qui ont suscité l’organisation d’une journée d’étude puis la publication de ses actes : si l’on sait (à peu près) ce que signifie le syntagme « roman historique », personne ne s’accorde à définir celui de « roman politique » ; si l’on est prompt à désigner ce qu’une fiction « a de politique », on est plus embarrassé pour reconnaître en quoi cette dimension politique pourrait définir en propre une telle fiction ; si l’on a pris, avec Susan R. Suleiman, l’habitude de penser plus aisément la dimension politique de la fiction comme relevant du « roman à thèse », nombre d’auteurs très éloignés de ce genre d’exercice de l’autorité énonciative conduisent pourtant à penser leur fiction comme foncièrement politique.

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La fiction politique (XIXe-XXIe siècles)

Que revêt le syntagme « fiction politique » : serait-ce un sous-genre du roman ? une figure d’engagement énonciatif ? une modalité de l’ethos auctorial ? un effet de lecture ? une expression en son fond pléonastique ? voire une pure chimère théorique ? À dire vrai, les mots « fiction » et « politique » ne font pas forcément aussi bon ménage qu’on pourrait le penser a priori, et la question se pose de savoir comment les associer sur le plan lexical (syntagmatique) et sémantique.

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Revenir à l’ordinaire. L’exercice de la connaissance en situation d’intervention

Une manière d’envisager l’existence de domaines de l’intervention sur autrui dans les sociétés modernes est de décrire comment se réalise l’activité professionnelle qu’accomplissent ceux dont le métier consiste à faire se modifier les conduites d’un individu qu’ils ont mandat d’assister, d’éduquer, de soigner ou de “réhabiliter”. Les innombrables enquêtes que la sociologie a mené pour apporter une réponse à cette question ont mis en lumière un principe qui organise l’activité professionnelle : pour réaliser pleinement sa vocation thérapeutique, une prise en charge doit neutraliser une partie de ce qui constitue l’ordre des relations ordinaires que les membres d’une société entretiennent les uns avec les autres.

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L’ordinaire comme commencement du travail sur soi : le cas de la prise en charge des hommes et des femmes sans domicile

L’arrivée à la rue, l’installation dans le statut de « sans domicile fixe » ou de « sans abri » est rarement dû à la seule perte du logement, c’est généralement une étape, parfois l’aboutissement, d’un processus de disqualification commencé dans l’enfance. Au cours de l’étude de terrain que nous avons réalisée dans le cadre de notre doctorat de sociologie, nous avons observé plusieurs éléments mis en place dans l’objectif de « réinsérer » les personnes hébergées en centre d’hébergement. Nous avons constaté que, devant l’impuissance à proposer une réinsertion économique stable, les travailleurs sociaux s’attelaient à ancrer les personnes hébergées dans une routine quotidienne ordinaire.

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L’ordinaire tient à un fil…

L’ordinaire ne tient qu’à un fil. L’ordinaire, dit le dictionnaire, c’est ce que l’on fait habituellement. Il suffit de peu pour ne plus le faire. On peut trouver l’ordinaire sans intérêt, un peu plat, et vouloir s’en échapper, par exemple s’enivrer. Mais l’ordinaire peut cesser d’être plat d’une autre manière, à partir du moment où il perd son évidence, où il cesse d’être naturel. La maladie fait rupture dans l’ordinaire, qu’il s’agisse d’une simple fracture ou de tout autre pathologie, l’annonce est brutale : rien, pour un temps, ne sera « comme avant ».

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Le retour à la vie ordinaire : un enjeu épistémologique pour la philosophie morale. Ce que nous apprend l’enquête éthique en contexte médical

La maladie, ou l’accident sont le plus communément présentés comme des éléments de rupture du cours « ordinaire de la vie », voire de transformation radicale du mode de vie jusque-là adopté. Dans cette vision des choses, on n’assimile pas nécessairement l’état pathologique à une situation extraordinaire, tandis que l’état de santé incarnerait la normalité. La notion d’« ordinaire » désigne alors le coutumier, ce qui constitue le quotidien de la personne de façon habituelle. À partir de cette acception, on pourrait considérer que le contexte médical est dénué de pertinence lorsqu’on entend évoquer la vie ordinaire.

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Le territoire national comme ordinaire de la solidarité politique : réflexions à partir du cas des roms migrants en Europe

Parmi les nombreux fantasmes qui accompagnent ou traduisent l’idée de retour à l’ordinaire, un fantasme qui s’exprime dans le cadre des politiques d’immigration est celui du « chacun chez soi ». Revenir à l’ordinaire signifierait revenir à une situation où la « misère du monde » est à sa place, loin de « chez nous ». Cet article propose une critique de cette forme idéalisée de retour à l’ordinaire en l’abordant par un point limite où se brouillent les cartes de la constitution du « nous » et de l’étranger.

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Le sujet de l’inconscient, une exception ordinaire ou L’ordinaire dans la cure psychanalytique

La psychanalyse paraît parfaitement s’inscrire dans ce mouvement fondamental de la civilisation moderne que Charles Taylor nomme « l’affirmation de la vie ordinaire ». Si, avec lui, on peut définir la vie ordinaire comme « la vie de production et la famille », « c’est-à-dire le travail, la fabrication des biens nécessaires à la vie, notre vie en tant qu’êtres sexuels, y compris le mariage et la famille », l’acceptation de celle-ci semble bien constituer la finalité même d’une cure analytique.

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