Les vulnérables et le géomètre. Sur les usages du concept de vulnérabilité dans les sciences sociales

La manière dont les sciences sociales se sont récemment emparées du concept de vulnérabilité est conditionnée par deux thématiques : celle des « populations vulnérables » d’une part, celle de l’exposition des sociétés contemporaines à des crises écologiques d’autre part. Dans un cas elle est synonyme de répartition inégale des risques, dans l’autre elle fait référence aux effets indésirables de l’activité humaine.

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Grammaires de la vulnérabilité

La notion de vulnérabilité a acquis une certaine fortune ces dernières années dans le champ de la réflexion d’abord morale, puis politique, souvent en association avec d’autres notions comme celle de dépendance, de faiblesse ou de fragilité. Elle a d’abord été employée dans une perspective normative : il y aurait une catégorie de « vulnérables ». La notion semble également avoir un sens descriptif, renvoyant alors à l’idée d’une condition humaine à « reconnaître » : nous sommes tous vulnérables, et c’est cette dimension qu’il faut accepter, en rupture avec les différents impératifs ou idéaux moraux qui constituent la morale classique. Cette vulnérabilité est commune au monde animal, qui nous la révèle. Elle semble donc avoir un sens nouveau et expérimental, qui serait étendu au non-humain. La question semble alors se renverser : qu’est-ce que qui n’est pas vulnérable ?

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Portrait en creux de l’homme politique moderne (à propos de The Deal et The Queen de Stephen Frears)

Réalisés respectivement en 2003 et 2006 par Stephen Frears, The Deal et The Queen ont rencontré, de la part du public anglais, un succès étonnant et imprévu. Succès d’autant plus intéressant à observer que ces deux long métrages ne revisitent pas un passé lointain mais des hommes et des questions (l’héritage de Tony Blair, sa rivalité avec Gordon Brown) qui dominent encore la vie politique anglaise et dont le sens fait toujours débat.

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Figurations du pouvoir militaire dans le cinéma brésilien : Esquisses d’une atmosphère oppressante

En 1964, l’instauration de la dictature militaire au Brésil entraîne dans son sillage, outre la fin des utopies réformistes de la gauche ayant fait campagne pour accéder au pouvoir, un durcissement de la vie politique qui montrera son véritable visage en 1968 lorsque l’Acte Institutionnel n°5 sera promulgué et abolira les droits constitutionnels en garantissant au président militaire les pleins pouvoirs. Cette sombre époque, finement restituée depuis le retour à la démocratie a également influencé et inspiré le cinéma brésilien qui à son tour contribue à la construction d’un discours sur celle-ci.

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Figuration du pouvoir politique dans le théâtre Verbatim

Le théâtre Verbatim est un théâtre qui, depuis les années 1990, s’est développé de manière exponentielle, principalement en Angleterre. Présenté comme « théâtre citation » [Verbatim], une de ses caractéristiques est d’affirmer que tout ce qu’il rapporte est authentique : les pièces sont un montage de propos extraits de rapports de commissions d’enquête parlementaires, d’émissions télévisées ou d’interviews réalisées par l’auteur ou par les acteurs. Si la représentation du pouvoir politique n’est pas nouvelle au théâtre, elle n’est traditionnellement pas associée à l’authenticité, ou tout au moins pas avec le même degré.

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« Vive le roi », « Vive la République » : l’Etat moderne en spectacle

Le corps politique se montre à travers la « mise en forme » – c’est l’expression utilisée par Goude –, la figuration de corps physiques rassemblés à l’occasion d’événements festifs, sportifs, preuve que le corps symbolique (le figurant) est indissociable du corps réel (du figuré). Le corps politique a en effet perpétuellement besoin de s’assurer qu’il existe, de se voir au complet, de faire en sorte que tous les membres d’une communauté s’assemblent pour constituer un espace public à la hauteur de la grandeur du pouvoir qu’ils représentent. « Il faut le voir pour le croire ».

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Satire, fantastique et mythe dans Coeur de chien de Boulgakov : une vision décalée du pouvoir soviétique

Le parcours de Boulgakov comme écrivain est atypique : farouche opposant au régime issu de la Révolution d’Octobre, il est pourtant contraint de rester en Union Soviétique jusqu’à sa mort, malgré les nombreuses lettres insistantes qu’il envoie à Staline en personne, à qui il demande l’autorisation de quitter le territoire. L’auteur est surveillé, ses œuvres sont censurées, puis interdites de publication, il est considéré comme un « garde blanc », et pourtant, il n’est pas éliminé, ni même emprisonné ou déporté. Plus paradoxal encore, Staline le protège en lui attribuant un poste – médiocre – d’assistant metteur en scène au Théâtre d’Art de Moscou. Boulgakov a la vie sauve, mais il est muselé.

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