« Et vous, Vercors, encore inconnu et déjà célèbre… ». Diffusion du Silence de la mer pendant l’occupation et construction d’un auteur mythique

« Je m’adresse à vous, Vercors, encore inconnu et déjà célèbre. » Cette interpellation de Maurice Schumann prononcée sur les ondes de la BBC le 28 novembre 1943 peut être mise en regard d’une autre phrase, celle-ci extraite d’Arcane 17 d’André Breton à propos du Silence de la mer : « tour à tour exalté et honni, l’ouvrage mène une vie hors de ses gonds. » C’est en s’appuyant sur ces deux citations que sera organisée cette analyse. Rares sont les cas, en effet, où une œuvre littéraire aura aussi fortement marqué les lignes de fracture entre les différentes tendances de la Résistance intellectuelle, à l’intérieur comme à l’extérieur de la France occupée ; celle qui pense que les œuvres doivent se mettre au service de causes et celle qui, au contraire, ne veut pas remettre en question l’idée de l’autonomie de l’art.

Lire la suite...

Le citoyen, médiateur du deuil collectif : prise de parole en sortie de guerre après 1918

Le phénomène commémoratif que connaît la société française, comme les autres sociétés européennes au lendemain de la Grande Guerre favorise l’apparition sur la scène publique d’individus qui s’exprimaient fort peu jusque là dans ce cadre institutionnalisé. Toutefois le statut, le rôle de l’orateur, de même que la culture de celui qui parle, ou encore la structure du discours lui-même ont donné lieu à peu d’études. En l’analysant de plus près, notamment à partir d’une série de plusieurs centaines de discours, apparaissent pourtant des évolutions qui montrent le rôle essentiel de cet orateur au moment où cette communauté se reconstitue et se redéfinit, au sortir de la guerre.

Lire la suite...

De la victime à l’œuvre ou la non-fixité du sujet politique

La question de la tension entre sujet politique assujetti et sujet politique fondement et celle de sa possible résolution à travers le discours ou la fiction littéraire, sont posées dans trois récits contemporains, cités dans l’ordre chronologique de leurs dates de publication,- Bohumil Hrabal, Une trop bruyante solitude, Robert Bober, Quoi de neuf sur la guerre ?, Philip Roth, Nemesis-, qui retiennent l’attention par les réponses complémentaires qu’ils y apportent et la notion formelle autant que l’enjeu de non-fixité du sujet politique qu’ils exposent.

Lire la suite...

Le sujet politique dans Le siècle des Lumières (1962) d’Alejo Carpentier

Le personnage de roman est une des formes d’expression problématique du sujet. Vecteur d’un imaginaire chevaleresque ou d’un point de vue satirique sur des valeurs en voie d’épuisement, expression d’un sujet en cours d’affirmation, de questionnement ou de dissolution, inlassable épopée d’une conversion sur les ruines d’une illusion romantique, le personnage de roman a une histoire.

Lire la suite...

Le sujet politique : (dé)construction et représentations (xxe-xxie siècles)

On sait que la notion de « sujet politique » est intrinsèquement porteuse de tension : en effet, le sujet politique désigne à la fois celui (individu ou groupe) sur lequel s’exerce un pouvoir politique auquel il a plus ou moins consenti, et celui qui se pense et se construit comme un sujet « politique », au sens large de membre d’une communauté donnée et au sens étroit de partie prenante des conflits idéologiques et luttes de pouvoir.

Lire la suite...

De la justiciabilité des droits sociaux

En dépit de leur proclamation par des textes constitutionnels et internationaux, les droits économiques, sociaux et culturels font toujours l’objet d’une considération particulière par la jurisprudence et la doctrine classique qui les définissent comme des pseudo-droits ou comme de simples objectifs politiques. A contre-courant de telles analyses, V. Abramovich et C. Courtis, essayent, dans un ouvrage célèbre en Amérique Latine – malheureusement non traduit en français -, de poser les bases théoriques de l’exigibilité des droits sociaux.

Lire la suite...

Les obstacles américains aux droits sociaux à la lumière du droit comparé.

À l’heure où la France vient de renouveler son système de contrôle de conformité des lois à la Constitution[1] en renforçant le rôle du Conseil constitutionnel[2], la promotion d’un modèle faisant plus de place au législateur dans la protection des droits ne manquera pas d’étonner. C’est d’autant plus vrai qu’elle émane du pays où ce contrôle est né, les États-Unis, et qu’elle est l’œuvre d’un membre reconnu de sa doctrine, le professeur Mark Tushnet[3]. À l’origine de nombreux écrits en droit constitutionnel, il est un critique du modèle américain de protection des droits fondamentaux et, en leur sein[4], des droits sociaux (on parle aussi de « droits-créances »).

Lire la suite...

La charte sociale a 50 ans. Réflexions de l’intérieur autour d’un anniversaire… Entretien avec Luis Jimena Quesada

Auteur prolifique, Luis Jimena Quesada a plus d’une centaine de publications à son actif, parmi lesquelles onze ouvrages –dont plusieurs portent sur la Charte sociale européenne et le Comité Européen des Droits Sociaux. Outre sa carrière académique, Luis Jimena Quesada exerce des fonctions judiciaires : juge-suppléant au Tribunal Supérieur de Justice de la Communauté Autonome de Valence (Chambre administrative) depuis l’année judiciaire 1997/1998, une partie non négligeable de ses sentences porte sur des aspects couverts par la Charte sociale européenne ainsi que par la tâche du Comité Européen des Droits Sociaux.

Lire la suite...

La justiciabilité des droits sociaux dans la doctrine constitutionnaliste, Attention constructions fragiles !

Les juristes ont coutume de présenter les droits sociaux comme des droits de la « seconde génération » des droits de l’Homme, solennellement déclarés en France dans le préambule de la Constitution de 1946. La question de la justiciabilité de ces droits ne connaît pas de réponse certaine. Elle est depuis plus de cinquante ans l’objet d’une controverse doctrinale.

Lire la suite...
1 19 20 21 22 23 24