Vers une théocratie post-islamiste ? Des oulémas dans la sécularisation du champ politique en Iran

Au rebours de la période Pahlavi (1925-79), qui s’était caractérisée par un essai de sécularisation de la société iranienne par le haut et par les mœurs, la République islamique a tenté d’imposer un retour à des normes religieuses, en particulier dans le champ politique. En politisant le religieux, cependant, elle extrayait celui-ci de la tradition et promouvait une forme paradoxale de sécularité. Et trente-six ans après la proclamation du nouveau régime, force est de constater la continuation voire la diversification de ce processus. Lequel s’est notamment exprimé dans le Mouvement vert de 2009, dont les tribuns proposaient une lecture sécularisée de l’islam.

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La sécularisation par le bas en Iran : Femmes, familles et relations de genre

Après la Révolution de 1978-1979, la République islamique n’était pas encore instaurée quand les nouveaux dirigeants se sont brusquement attaqués aux législations civiles du régime monarchique relatives à la famille et au mariage qui, à leur avis, n’étaient pas conformes aux recommandations de l’islam. Le 26 février 1979, soit à peine deux semaines après le renversement de la monarchie, Khomeiny a ordonné l’arrêt de l’application de la loi intitulée « Protection de la famille » par les tribunaux en attendant que le ministère concerné procède à l’abrogation des articles incriminés dans cette loi. Cette dernière, promulguée en 1967, et amendée en 1974, se voulait favorable aux femmes.

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Les intellectuels laïques et la sécularisation en Iran après la Révolution de 1979

Les intellectuels laïques iraniens ont joué un rôle important depuis l’aube de la modernisation en Iran à la fin du XIXe siècle. La première manifestation collective dans laquelle ils se sont illustrés était la révolution constitutionnelle (1905-1911) où ils ont introduit la notion du parlement (edâlatkhaneh) et défendu un système social et politique en rupture avec le système traditionnel.

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Le droit et la haine. Liberté d’expression et “discours de haine” en démocratie

Bien que la notion de « discours de haine » ne renvoie pas à des dispositions légales unifiées, et que l’expression ne soit pas dépourvue ambiguïté, elle permet de rassembler des dispositions juridiques susceptibles de servir une même visée : sanctionner les actes expressifs qui encouragent à adopter une attitude discriminatoire, hostile ou violente à l’égard d’une personne ou d’un groupe désigné, sur un mode essentialisant, par son appartenance (ou non appartenance) supposée à une race, une ethnie, une nationalité ou une religion, voire par son sexe ou son orientation sexuelle. Une analyse du philosophe Charles Girard.

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Ne dominez pas vos rats

Le sujet (fiction et politique) est délicat, parce qu’interminablement rebattu en ces temps d’écrasante impuissance politique où le moindre artiste, intello, universitaire veut à toute force se convaincre que son activité a un contenu ou des effets politiques, contre toutes les évidences, contre tous les démentis flagrants du réel.

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Réaliser le refus de la psychologie

Nous savons qu’il existe une littérature pour femmes, ayant les femmes pour cible, une littérature où il est question d’amour, d’états d’âme, de rêveries et toutes ces beautés. Cette littérature a l’avantage de ne prétendre à rien d’autre qu’à se vendre et de ne pas se théoriser beaucoup, laissant les concepts aux publicitaires et la critique aux courbes des ventes. Il y a, dans cette humilité, quelque chose d’éclairant sur le rapport entre idéologie et commerce, bien au-delà du roman rose et des fictions ficelées pour la mise en rayon. Car la littérature ciblée n’est pas étanche, et rien ne garantit que la logique de consommation culturelle ne soit pas aussi une logique de production qui travaille l’écriture hors segments de marché, aussi vrai que l’agglomérat d’idées reçues qu’on appelle la « demande culturelle », impensé des politiques de diffusion, permet d’oublier que la poétique constitue justement ce qui n’est pas prévu d’avance. La poétique pose le problème de la transgression des règles et valeurs. En ce sens, la transgression est l’affaire politique de la poétique.

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Déréaliser le désert

Si l’écrivain est honnête, explique Dagerman, dans L’écrivain et la conscience[1], sa conscience sociale le pousse à dédier son texte à la lutte sociale. Seulement, sa conscience artistique lui fait respecter la nécessité de « créer sous contrainte », sous l’impératif, disons, de tenter quelque chose. Cette recherche littéraire ne peut pas être pédagogique, l’écrivain se livre à une difficile exploration de son moyen d’expression, dans l’espoir d’une découverte. C’est sur son moyen d’expression, en premier lieu, qu’il s’efforce d’exercer une action ou plus exactement d’attraper l’action du langage.

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The Historical Novel of Contemporary Capitalism

In a 2011 survey piece published in the London Review of Books – a genre in which he has lately come to specialise – Perry Anderson charts a history of the historical novel as that form of the novel which has, he writes, « almost by definition, been the most consistently political ». Essentially an extension of, and occasional critical engagement with, the work of both Georg Lukács and Fredric Jameson, the article tracks – as its title, « From Progress to Catastrophe », suggests – the genre’s development from early nineteenth-century narratives of bourgeois triumphalism, and the emergence of modern nationhood, to « the ravages of empire », and of « impending or consummated catastrophe », in the second half of the twentieth century.

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De la peur de mourir (trois récits russes)

Voilà le paradoxe : tandis que l’angoisse et la terreur retenaient l’attention des philosophes, l’expérience de la peur ne cessa de s’imposer non seulement comme un objet, mais plus encore comme l’un des ressorts majeurs de la littérature. Elle est inséparable déjà de l’émergence et de l’essor de genres littéraires auxquels il convient de donner droit, comme la littérature fantastique, les romans d’épouvante, toutes ces histoires de spectres, d’apparitions, de fantômes, de mort-vivants, de monstres sanguinaires, relayées par le cinéma qui ont composé durablement l’imaginaire de la peur. Mais surtout, il revient à la littérature, celle des récits, des témoignages, mais aussi des pièces de théâtre et des poèmes, qui se sont confrontés à la terreur et qui l’ont pris pour objet d’en avoir rendu possible une perception moins abstraite que celle qui réduisait la terreur au moyen, juste ou injuste, d’une politique.

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