Une poétique du malaise : les anciens combattants face aux « mythes » de l’arrière (L.-F. Céline, L. Guilloux, E. M. Remarque, L. Werth)

Un bon nombre de romans européens des années 1910 à 1930 ayant pour thème l’expérience des combattants de la Grande Guerre, mettent en scène, à l’occasion de la démobilisation ou d’une permission de ces soldats, le malaise de ceux-ci face à la représentation déformée que le monde civil a de la guerre. Les combattants découvrent des civils qui se veulent, du fait de leur engagement « moral », aussi « héroïques » qu’eux, qui contestent leur vision « partielle » de l’état du front en prétendant à une « hauteur de vue » seule offerte par le recul de l’arrière. Pour représenter ce choc, le roman est d’autant plus efficace qu’il ne se livre pas à une rhétorique de la dénonciation : les personnages de combattants en question sont à la fois révoltés et passifs, opposés mais d’une certaine manière soumis à ces discours de la manipulation. Le « contre-récit » romanesque travaille donc de l’intérieur les discours manipulés, et n’offre pas pleinement les armes intellectuelles, idéologiques, pour s’en défaire : il invite le lecteur à s’interroger sur ces discours sans lui offrir, au-delà du pacifisme commun aux auteurs cités, la solution d’un engagement politique précis.

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Sécularisation contre sécularisation : une compréhension du système de la République islamique d’Iran

La sécularisation est un processus aboutissant à un nouvel état de fait qui se caractérise grossièrement par une autonomisation de la sphère publique par rapport au religieux, et à un recul du religieux. Ainsi les sciences humaines occidentales définissent-elles le terme de sécularisation, un processus coextensif à la modernité occidentale et qui est l’expression d’un monde qui se désenchante.

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Interminable querelle de la sécularisation de l’éducation en Iran

La Révolution de 1979 et l’avènement de la République islamique en Iran (RII) constituent un tournant paradigmatique pour l’éducation en Iran qui connaissait un système séculier depuis la révolution constitutionnelle de 1906. Afin de réaliser sa cité islamique, la RII a rapidement commencé à réformer les institutions majeures comme l’appareil juridique ou le système éducatif. Le nouveau pouvoir souhaitait voir associer l’accès aux sciences et à la formation à des formes « authentiques » de savoir religieux.

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Vers une théocratie post-islamiste ? Des oulémas dans la sécularisation du champ politique en Iran

Au rebours de la période Pahlavi (1925-79), qui s’était caractérisée par un essai de sécularisation de la société iranienne par le haut et par les mœurs, la République islamique a tenté d’imposer un retour à des normes religieuses, en particulier dans le champ politique. En politisant le religieux, cependant, elle extrayait celui-ci de la tradition et promouvait une forme paradoxale de sécularité. Et trente-six ans après la proclamation du nouveau régime, force est de constater la continuation voire la diversification de ce processus. Lequel s’est notamment exprimé dans le Mouvement vert de 2009, dont les tribuns proposaient une lecture sécularisée de l’islam.

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La sécularisation par le bas en Iran : Femmes, familles et relations de genre

Après la Révolution de 1978-1979, la République islamique n’était pas encore instaurée quand les nouveaux dirigeants se sont brusquement attaqués aux législations civiles du régime monarchique relatives à la famille et au mariage qui, à leur avis, n’étaient pas conformes aux recommandations de l’islam. Le 26 février 1979, soit à peine deux semaines après le renversement de la monarchie, Khomeiny a ordonné l’arrêt de l’application de la loi intitulée « Protection de la famille » par les tribunaux en attendant que le ministère concerné procède à l’abrogation des articles incriminés dans cette loi. Cette dernière, promulguée en 1967, et amendée en 1974, se voulait favorable aux femmes.

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Les intellectuels laïques et la sécularisation en Iran après la Révolution de 1979

Les intellectuels laïques iraniens ont joué un rôle important depuis l’aube de la modernisation en Iran à la fin du XIXe siècle. La première manifestation collective dans laquelle ils se sont illustrés était la révolution constitutionnelle (1905-1911) où ils ont introduit la notion du parlement (edâlatkhaneh) et défendu un système social et politique en rupture avec le système traditionnel.

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Le droit et la haine. Liberté d’expression et “discours de haine” en démocratie

Bien que la notion de « discours de haine » ne renvoie pas à des dispositions légales unifiées, et que l’expression ne soit pas dépourvue ambiguïté, elle permet de rassembler des dispositions juridiques susceptibles de servir une même visée : sanctionner les actes expressifs qui encouragent à adopter une attitude discriminatoire, hostile ou violente à l’égard d’une personne ou d’un groupe désigné, sur un mode essentialisant, par son appartenance (ou non appartenance) supposée à une race, une ethnie, une nationalité ou une religion, voire par son sexe ou son orientation sexuelle. Une analyse du philosophe Charles Girard.

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Ne dominez pas vos rats

Le sujet (fiction et politique) est délicat, parce qu’interminablement rebattu en ces temps d’écrasante impuissance politique où le moindre artiste, intello, universitaire veut à toute force se convaincre que son activité a un contenu ou des effets politiques, contre toutes les évidences, contre tous les démentis flagrants du réel.

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Réaliser le refus de la psychologie

Nous savons qu’il existe une littérature pour femmes, ayant les femmes pour cible, une littérature où il est question d’amour, d’états d’âme, de rêveries et toutes ces beautés. Cette littérature a l’avantage de ne prétendre à rien d’autre qu’à se vendre et de ne pas se théoriser beaucoup, laissant les concepts aux publicitaires et la critique aux courbes des ventes. Il y a, dans cette humilité, quelque chose d’éclairant sur le rapport entre idéologie et commerce, bien au-delà du roman rose et des fictions ficelées pour la mise en rayon. Car la littérature ciblée n’est pas étanche, et rien ne garantit que la logique de consommation culturelle ne soit pas aussi une logique de production qui travaille l’écriture hors segments de marché, aussi vrai que l’agglomérat d’idées reçues qu’on appelle la « demande culturelle », impensé des politiques de diffusion, permet d’oublier que la poétique constitue justement ce qui n’est pas prévu d’avance. La poétique pose le problème de la transgression des règles et valeurs. En ce sens, la transgression est l’affaire politique de la poétique.

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