Le sujet de l’inconscient, une exception ordinaire ou L’ordinaire dans la cure psychanalytique

La psychanalyse paraît parfaitement s’inscrire dans ce mouvement fondamental de la civilisation moderne que Charles Taylor nomme « l’affirmation de la vie ordinaire ». Si, avec lui, on peut définir la vie ordinaire comme « la vie de production et la famille », « c’est-à-dire le travail, la fabrication des biens nécessaires à la vie, notre vie en tant qu’êtres sexuels, y compris le mariage et la famille », l’acceptation de celle-ci semble bien constituer la finalité même d’une cure analytique.

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Qu’est-ce que réparer ? De la justice réparatrice à la réparation du bien commun

La réparation relève avant tout de la mécanique, et de la justice en tant que celle-ci implique une mécanique des compensations lorsqu’un dommage est constaté, mais elle relève également – d’une certaine manière – de la médecine dans la mesure où cette-dernière traite la pathologie (comprise comme privation pour un corps de ses fonctions optimales de résistance à la morbidité). Mais c’est précisément la question de la justice, et notamment la justice réparatrice, qui va m’intéresser ici dans la mesure où elle pose paradoxalement la possibilité de la réparation comme étant étroitement corrélée à ce qui a trait à l’irréparable, et donc a priori à l’impossible retour à la vie ordinaire.

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« Et vous, Vercors, encore inconnu et déjà célèbre… ». Diffusion du Silence de la mer pendant l’occupation et construction d’un auteur mythique

« Je m’adresse à vous, Vercors, encore inconnu et déjà célèbre. » Cette interpellation de Maurice Schumann prononcée sur les ondes de la BBC le 28 novembre 1943 peut être mise en regard d’une autre phrase, celle-ci extraite d’Arcane 17 d’André Breton à propos du Silence de la mer : « tour à tour exalté et honni, l’ouvrage mène une vie hors de ses gonds. » C’est en s’appuyant sur ces deux citations que sera organisée cette analyse. Rares sont les cas, en effet, où une œuvre littéraire aura aussi fortement marqué les lignes de fracture entre les différentes tendances de la Résistance intellectuelle, à l’intérieur comme à l’extérieur de la France occupée ; celle qui pense que les œuvres doivent se mettre au service de causes et celle qui, au contraire, ne veut pas remettre en question l’idée de l’autonomie de l’art.

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Le citoyen, médiateur du deuil collectif : prise de parole en sortie de guerre après 1918

Le phénomène commémoratif que connaît la société française, comme les autres sociétés européennes au lendemain de la Grande Guerre favorise l’apparition sur la scène publique d’individus qui s’exprimaient fort peu jusque là dans ce cadre institutionnalisé. Toutefois le statut, le rôle de l’orateur, de même que la culture de celui qui parle, ou encore la structure du discours lui-même ont donné lieu à peu d’études. En l’analysant de plus près, notamment à partir d’une série de plusieurs centaines de discours, apparaissent pourtant des évolutions qui montrent le rôle essentiel de cet orateur au moment où cette communauté se reconstitue et se redéfinit, au sortir de la guerre.

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De la victime à l’œuvre ou la non-fixité du sujet politique

La question de la tension entre sujet politique assujetti et sujet politique fondement et celle de sa possible résolution à travers le discours ou la fiction littéraire, sont posées dans trois récits contemporains, cités dans l’ordre chronologique de leurs dates de publication,- Bohumil Hrabal, Une trop bruyante solitude, Robert Bober, Quoi de neuf sur la guerre ?, Philip Roth, Nemesis-, qui retiennent l’attention par les réponses complémentaires qu’ils y apportent et la notion formelle autant que l’enjeu de non-fixité du sujet politique qu’ils exposent.

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Le sujet politique dans Le siècle des Lumières (1962) d’Alejo Carpentier

Le personnage de roman est une des formes d’expression problématique du sujet. Vecteur d’un imaginaire chevaleresque ou d’un point de vue satirique sur des valeurs en voie d’épuisement, expression d’un sujet en cours d’affirmation, de questionnement ou de dissolution, inlassable épopée d’une conversion sur les ruines d’une illusion romantique, le personnage de roman a une histoire.

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La charte sociale a 50 ans. Réflexions de l’intérieur autour d’un anniversaire… Entretien avec Luis Jimena Quesada

Auteur prolifique, Luis Jimena Quesada a plus d’une centaine de publications à son actif, parmi lesquelles onze ouvrages –dont plusieurs portent sur la Charte sociale européenne et le Comité Européen des Droits Sociaux. Outre sa carrière académique, Luis Jimena Quesada exerce des fonctions judiciaires : juge-suppléant au Tribunal Supérieur de Justice de la Communauté Autonome de Valence (Chambre administrative) depuis l’année judiciaire 1997/1998, une partie non négligeable de ses sentences porte sur des aspects couverts par la Charte sociale européenne ainsi que par la tâche du Comité Européen des Droits Sociaux.

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La justiciabilité des droits sociaux dans la doctrine constitutionnaliste, Attention constructions fragiles !

Les juristes ont coutume de présenter les droits sociaux comme des droits de la « seconde génération » des droits de l’Homme, solennellement déclarés en France dans le préambule de la Constitution de 1946. La question de la justiciabilité de ces droits ne connaît pas de réponse certaine. Elle est depuis plus de cinquante ans l’objet d’une controverse doctrinale.

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Les droits sociaux et les catégories de la doctrine privatiste

La doctrine de droit privé s’intéresse assez peu aux droits sociaux. Cette réserve à leur égard dans la doxa des privatistes pourrait s’expliquer par le fait, d’une part, que le droit privé se définit comme l’« ensemble des règles de droit qui gouvernent les rapports des particuliers entre eux », alors que les droits sociaux sont bien souvent conçus comme charges de la collectivité, d’autre part, que la justice sociale, finalité des droits sociaux, n’est pas au cœur des préoccupations des privatistes, plus soucieux de justice commutative – au cœur de la discipline reine qu’est le droit des contrats – que de justice distributive.

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L’Instrumentalisation des débats en droit international autour de la particularité des droits sociaux

En 1948, l’Assemblée générale des Nations Unies, « considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité et que l’avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l’homme », adopte la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Ce texte, qui reconnait un certain nombre de droits fondamentaux « inaliénables » à tous les êtres humains, doit contribuer à les libérer de la terreur et de la misère.

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