Le Troisième Reich et le roman policier, des écrivains allemands des années 1930 à Roberto Bolaño: Le récit d’enquête contre le récit politique

Cet article propose d’interroger le storytelling à travers deux types de romans policiers se référant chacun à leur manière à la période du Troisième Reich. Tout d’abord, nous rendons compte des recherches de Vincent Platini sur le Krimi de l’époque nazie : le service de propagande de Goebbels a en effet tenté de se servir de ce medium populaire par excellence que représentait le roman policier pour distiller toujours plus l’idéologie nationale-socialiste. Bien plus tard, au cours des années 1990 et au début des années 2000, l’écrivain chilien Roberto Bolaño s’est quant à lui souvent inspiré des contraintes génériques du policier pour mettre en scène les retours de refoulés de ce Troisième Reich auquel le général Pinochet savait rendre hommage… Nous proposons à travers ces deux exemples de mieux cerner la linéarité du storytelling et son rapport au divertissement : en quoi le jeu et ses multiples facettes peut-il, dans le roman policier, servir une idéologie unique – qu’elle soit politique ou marchande, c’est tout un – ou bien, tout au contraire, déjouer toute tentative de résolution et contribuer à tenir le lecteur en alerte, en état de vigilance aiguë.

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