Politique de la fiction et fictionnalisation du politique face aux limites de la liberté d’expression
En 1806, Senancour écrivait : « Les livres ne remuent pas le monde, mais ils le conduisent secrètement. Les moyens violents ont des effets plus sensibles, mais peu durables[1]. » Réitérée tout au long du XIXe siècle à l’occasion des débats sur la liberté de presse, cette croyance ancienne dans le pouvoir des mots, que l’expérience révolutionnaire est venue conforter, constitue un des noyaux durs de l’imaginaire national français. La dimension politique de l’écrit a ici un caractère d’évidence, qu’elle n’a peut-être pas ailleurs. Dans ce contexte, loin d’inscrire le texte hors du monde actuel, de s’en « évader », le recours à la fiction peut même relever d’une stratégie très politique.
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