Contre-histoires kafkaïennes. Le point de vue du coupable dans Disgrace de J.M. Coetzee, The Human Stain de Ph. Roth et Mon cœur à l’étroit de M. NDiaye
Trois romans parus entre 1999 et 2007 empruntent à Kafka et spécialement au Procès un personnage identifié comme coupable, jugé et condamné pour une faute qu’il ne reconnaît pas. Dans les trois cas, c’est le point de vue de cet individu coupable qui structure le récit. Or, il ne comprend pas ce qu’on lui reproche, comme dans Le Procès où Josef K. est arrêté sans avoir « rien fait de mal ». De sorte qu’on est amené à s’interroger sur la nature de sa culpabilité et à suspecter l’accusation elle-même : l’incrimination n’en dit-elle pas plus sur l’accusateur que sur l’inculpé ? N’en apprend-on pas plus sur la société qui juge que sur celui qu’elle juge ? En fait, devant cette accusation dont la légitimité paraît problématique, le point de vue du coupable ne nous offre-t-il pas la possibilité d’écrire une histoire qui contredise le storytelling national, à savoir une contre-histoire ?
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