Du fanatisme au terrorisme : Voltaire et nous

Encensé et détesté tout au long des XVIIIe et XIXe siècles, Voltaire était alors un des écrivains français dont la présence sociale était la plus perceptible. Un « voltairien », c’est tout au long du XIXe siècle, et ce, à l’échelle de l’Europe entière, un ennemi des valeurs traditionnelles et de la religion : c’est ainsi par exemple qu’est désigné Cavaradossi par ses ennemis dans la Tosca de Puccini. Un anti-voltairien, c’est au contraire un défenseur de tout ce que ceux qui se rallient au nom de Voltaire prétendent attaquer, et ce, très tardivement. Presque aucun autre écrivain ou penseur moderne, à l’exception évidemment de Marx, ne peut se vanter d’avoir ainsi concentré dans son nom un tel affrontement concernant la société tout entière sur le terrain des valeurs, et l’on peut dire que sa gloire a vécu bien longtemps, beaucoup plus que de l’admiration esthétique ou littéraire suscitée par ses œuvres, du mélange de haine et d’adhésion passionnées qui le mettait au cœur d’une profonde déchirure sociale.

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