Le citoyen, médiateur du deuil collectif : prise de parole en sortie de guerre après 1918

Le phénomène commémoratif que connaît la société française, comme les autres sociétés européennes au lendemain de la Grande Guerre favorise l’apparition sur la scène publique d’individus qui s’exprimaient fort peu jusque là dans ce cadre institutionnalisé. Toutefois le statut, le rôle de l’orateur, de même que la culture de celui qui parle, ou encore la structure du discours lui-même ont donné lieu à peu d’études. En l’analysant de plus près, notamment à partir d’une série de plusieurs centaines de discours, apparaissent pourtant des évolutions qui montrent le rôle essentiel de cet orateur au moment où cette communauté se reconstitue et se redéfinit, au sortir de la guerre.

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De la victime à l’œuvre ou la non-fixité du sujet politique

La question de la tension entre sujet politique assujetti et sujet politique fondement et celle de sa possible résolution à travers le discours ou la fiction littéraire, sont posées dans trois récits contemporains, cités dans l’ordre chronologique de leurs dates de publication,- Bohumil Hrabal, Une trop bruyante solitude, Robert Bober, Quoi de neuf sur la guerre ?, Philip Roth, Nemesis-, qui retiennent l’attention par les réponses complémentaires qu’ils y apportent et la notion formelle autant que l’enjeu de non-fixité du sujet politique qu’ils exposent.

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Le sujet politique dans Le siècle des Lumières (1962) d’Alejo Carpentier

Le personnage de roman est une des formes d’expression problématique du sujet. Vecteur d’un imaginaire chevaleresque ou d’un point de vue satirique sur des valeurs en voie d’épuisement, expression d’un sujet en cours d’affirmation, de questionnement ou de dissolution, inlassable épopée d’une conversion sur les ruines d’une illusion romantique, le personnage de roman a une histoire.

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Vulnérabilité et non-domination : quels enjeux pour la justice pénale ?

Cet article a été initialement publié au sein du dossier “Grammaires de la vulnérabilité” dirigé par Sandra Laugier. Le droit pénal reconnaît la vulnérabilité des victimes comme circonstance aggravante d’un certain nombre de crimes et délits, dès lors que cette vulnérabilité est connue de l’auteur de l’infraction[1]. La vulnérabilité est également constitutive de délits spécifiques comme l’abus de faiblesse[2]. Dans tous les cas, la justice prend en compte la vulnérabilité

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La terre est-elle fragile ?

Le faible roseau, la rose éphémère : souvent des éléments naturels ont servi à symboliser la fragilité et la finitude de l’homme. Mais, lorsqu’il s’agit de présenter la fragilité de la nature elle-même, pas seulement d’en faire une métaphore de celle de l’humanité, l’échelle change : c’est la planète entière qui est convoquée. Mais, pour voir ainsi la terre depuis l’espace, il fallait bien l’avoir quittée. Cette vision protectrice ne serait-elle pas aussi dominatrice ? L’autre face de la reconnaissance de la fragilité de la terre ne serait-elle pas l’affirmation de la puissance de l’homme ?

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Grammaires de la vulnérabilité

La notion de vulnérabilité a acquis une certaine fortune ces dernières années dans le champ de la réflexion d’abord morale, puis politique, souvent en association avec d’autres notions comme celle de dépendance, de faiblesse ou de fragilité. Elle a d’abord été employée dans une perspective normative : il y aurait une catégorie de « vulnérables ». La notion semble également avoir un sens descriptif, renvoyant alors à l’idée d’une condition humaine à « reconnaître » : nous sommes tous vulnérables, et c’est cette dimension qu’il faut accepter, en rupture avec les différents impératifs ou idéaux moraux qui constituent la morale classique. Cette vulnérabilité est commune au monde animal, qui nous la révèle. Elle semble donc avoir un sens nouveau et expérimental, qui serait étendu au non-humain. La question semble alors se renverser : qu’est-ce que qui n’est pas vulnérable ?

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Portrait en creux de l’homme politique moderne (à propos de The Deal et The Queen de Stephen Frears)

Réalisés respectivement en 2003 et 2006 par Stephen Frears, The Deal et The Queen ont rencontré, de la part du public anglais, un succès étonnant et imprévu. Succès d’autant plus intéressant à observer que ces deux long métrages ne revisitent pas un passé lointain mais des hommes et des questions (l’héritage de Tony Blair, sa rivalité avec Gordon Brown) qui dominent encore la vie politique anglaise et dont le sens fait toujours débat.

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Figurations du pouvoir militaire dans le cinéma brésilien : Esquisses d’une atmosphère oppressante

En 1964, l’instauration de la dictature militaire au Brésil entraîne dans son sillage, outre la fin des utopies réformistes de la gauche ayant fait campagne pour accéder au pouvoir, un durcissement de la vie politique qui montrera son véritable visage en 1968 lorsque l’Acte Institutionnel n°5 sera promulgué et abolira les droits constitutionnels en garantissant au président militaire les pleins pouvoirs. Cette sombre époque, finement restituée depuis le retour à la démocratie a également influencé et inspiré le cinéma brésilien qui à son tour contribue à la construction d’un discours sur celle-ci.

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